Cette table ronde s'articulera autour du très haut débit, et plus particulièrement autour des frictions et des retards dans le déploiement de la fibre optique pour tous.
Bien que l'agenda officiel ne détaille pas précisément le contenu de la réunion, La Tribune rapporte que les débats porteront sur "les objectifs, la gouvernance, le financement et l'écosystème" du plan national Très Haut Débit (PNTHD) mis en place par le précédent Gouvernement. Rappelons que ce plan vise à garantir un accès Internet à très haut débit à toute la population d'ici 2025 (dont 70% en 2020).
Récemment, des critiques se sont élevées sur la mise en oeuvre du PNTHD. Les inquiétudes concernent essentiellement les questions du financement et des investissements, ainsi que l'équilibre des relations entre les acteurs privés et publics.
Malgré les accords de co-investissement signés entre les opérateurs, la fibre optique jusqu'au domicile reste anecdotique, y compris lorsque les foyers sont éligibles ! Pire, la croissance du nombre de nouveaux foyers éligibles à la fibre optique ralentit depuis un an. Actuellement, entre 400 et 500 000 prises sont raccordées chaque année.... il en faudrait entre 2 et 3 millions pour tenir les engagements du Plan National.
Bien que l'ARCEP refuse de parler de retard, force est de constater que l'actuel niveau de déploiement de la fibre optique n'est ni à la hauteur des enjeux économiques ni à la hauteur des enjeux politiques.
Chargée par Francois Hollande de l'épineux dossier du très haut débit, Fleur Péllerin devra faire mieux que l'actuel PNTHD en moins de temps (objectif 100% de couverture pour 2022 selon le programme du candidat Hollande), et avec une marge de manoeuvre financière restreinte.
Comment mieux stimuler les investissements ? Comment améliorer l'efficacité du pilotage du déploiement entre l'Etat, les opérateurs et les collectivités ? Comment éviter une nouvelle fracture numérique entre les zones denses et rentables "preemptées" par les opérateurs, et les zones moins denses dont le salut dépendra exclusivement des collectivités locales ?
Ces derniers mois, le signal d'alarme a été tiré à plusieurs reprises par l'AVICCA, RuralTIC ou encore par le CREDO qui a lancé avec son "Appel de Valence". Soucieuses de soutenir l'économie locale, maintenir la qualité de vie et pallier la la raréfaction de certains services publics dans les campagnes, les collectivités veulent davantage peser dans la politique d'aménagement numérique de leurs territoires.
Parmi les pistes évoquées, citons notamment :
- la réorientation du programme national THD vers une relation plus équilibrée entre opérateurs privés et collectivités locales (zones AMII, morcèlement territorial...)
- le basculement obligatoire à date butoir du réseau cuivre (ADSL) vers le réseau fibre à la manière de la transition entre la TV hertzienne et la TNT
- la réaffectation des crédits inutilisés du guichet A (1 milliard d'euros réservés aux opérateurs dans le cadre du Fonds national pour la Société Numérique) vers le guichet B dédié aux collectivités locales
- l'organisation d'une filière du numérique (plan de formation et de soutien pour créer des emplois non délocalisables et de la valeur ajoutée)