Financièrement et commercialement, SFR reste en petite forme, mais s’est donné les moyens de rebondir. Voilà, en substance, le message qui ressort de la publication de ses résultats 2016. Où l’on met en avant les efforts consentis pour améliorer le service aux clients, afin de faire oublier une année encore orientée à la baisse sur les abonnements, aussi bien dans le fixe que dans le mobile. Une tendance que le groupe espère inverser grâce à ses investissements dans les réseaux et les contenus. Avec un 4e trimestre qui lui donne des raisons d'espérer.
Le trimestre de l’espoir
138 millions d’euros de perte nette contre 682 millions de bénéfices un an plus tôt : l’opérateur boucle certes l’année du mauvais côté de la ligne. Mais il parvient à redresser la tendance au 4e trimestre, se maintenant dans le vert à hauteur de 17 millions d’euros, contre 209 millions de déficit un an plus tôt. Surtout, il enregistre un bond de son résultat brut d’exploitation sur la période (+12%, et même +19% hors activité médias) qui lui permet de limiter la casse sur l’ensemble de l’année, à 3,8 milliards d’euros (-0,6%).
Une amélioration à mettre au compte, notamment, des « programmes d’efficacité opérationnelle » – comprenez de réduction des coûts – conformément à la méthode désormais éprouvée par le patron d’Altice, Patrick Drahi. Car côté chiffre d’affaires, le groupe n’y est pas encore : -3,2% à 7,3 milliards d’euros (hors activités médias), après -3,5% en 2015. Même si, là encore, le dernier trimestre a donné lieu à un léger rebond (+0,6%) : un évènement, pour SFR, qui début son communiqué en rappelant que cela n’était plus arrivé depuis… 24 trimestres consécutifs !
Abonnements : 2016 dans le sillage de 2015
L’objectif affiché est désormais la « stabilisation » du chiffre d’affaires en 2017. Une ambition qui nécessitera d’enrayer les désabonnements, alors qu’en 2016 ont été encore perdus en route quelque 750 000 clients. Les recrutements nets sont ainsi en repli de 500 000 sur le mobile (dont 73 000 sur les forfaits). Mais progressent au T4 (+33 000 sur les forfaits et 103 000 sur le prépayé), ce qui se traduit par un ralentissement de la baisse du chiffre d’affaires grand public.
Côté fixe, SFR déplore 240 000 départs nets en 2016 (à 6,113 millions d’abonnés), malgré un solde positif à hauteur de 208 000 du côté des abonnements très haut débit (fibre et câble), qui lui permet de franchir la barre des 2 millions d’abonnés en THD. Avec une équation à rééquilibrer : plus rémunérateurs (40€ par mois par abonné en moyenne contre 34€ en ADSL), les recrutements nets sur le très haut débit ont patiné aux alentours des 40 à 50 000 sur les trois derniers trimestres, contre 70 à 80 000 sur les quatre trimestres précédents. Quand, en parallèle, SFR perd depuis deux ans, tous les trois mois, plus de 100 000 abonnés en ADSL, dans un contexte très concurrentiel.
Problématique que le fournisseur aborde sous plusieurs angles : en promouvant la migration vers le THD (câble/fibre), en multipliant les promotions, par exemple avec sa marque RED, pour regagner du terrain sur le cuivre. Mais aussi grâce à ses « offres contenus » et à la « convergence » : des SFR Sport et autres SFR Play ou SFR Presse qui permettent de revaloriser ses abonnements. Résultat : un bond de l’ARPU fixe de 5,7% sur un an au 4e trimestre (et même de plus de 10% sur l’ADSL comparé au 1er trimestre), qui ramène le chiffre d’affaires fixe Grand Public sur une trajectoire positive (+1,3%).
De nécessaires investissements
Autrement dit : les clients semblent prêts à payer plus si on leur en propose plus. Ce qui nécessite, donc, d’investir plus. Dans les contenus, d’une part, et SFR et Altice n’ont pas l’intention de ralentir dans leur projet de « création d’un opérateur convergent télécommunications et médias ». Mais aussi – et sans doute surtout – dans les réseaux, qui ont mobilisé cette année un investissement de 2,3 milliards d’euros. L’opérateur au carré rouge a ainsi sérieusement rattrapé son retard dans le déploiement de la 4G en 2016, situation handicapante pour son offre mobile, avec un taux de couverture de 81% à fin 2016, 90% visé en 2017 et 99% en 2018. Et souligne au passage la qualité de son réseau en matière de débit, notamment grâce aux 300 Mbit/s promis sur une vingtaine de villes desservies en 4G+ UHD.
Sur le fixe, SFR revendique désormais un parc de 9,3 millions de prises commercialisables en fibre et câble (+1,6 million en 2016) et se dit en mesure d’ajouter 2 millions de prises supplémentaires chaque année. L’occasion pour le groupe, de rappeler à ceux qui doutent de son volontarisme en la matière qu'il « s’engage pleinement » pour la réussite du plan France THD. Tout en adressant au passage une pique à Orange en plaidant pour une « répartition plus équilibrée des déploiements en Zones Moins Denses »...
Une nouvelle amende de 40 millions d’euros pour SFR
Avec un sens assumé du timing, l’Autorité de la concurrence à une nouvelle fois sanctionné SFR, déjà rappelé à l'ordre en novembre. L'opérateur se voit cette fois infliger une amende de 40 millions d’euros, plus d’éventuel dans le cadre d’un contrat de co-investissement sur la fibre optique qui le liait à Bouygues Télécom. Une décision contestée par le groupe, qui a indiqué qu’il allait faire appel.