Beaucoup de dégroupage et de VDSL2...
Le dégroupage s'est également étendu à plusieurs centaines de nouveaux centraux téléphoniques. Véritable fer de lance de la concurrence par les infrastructures, le dégroupage a permis à Free, SFR et Bouygues Télécom d'équiper davantage de noeuds de raccordement et de proposer leurs offres ADSL à un meilleur rapport prix/services (accès à la TV par ADSL notamment).
En 2014, on aura remarqué la très forte poussée du dégroupage de Free. Avec 1500 nouveaux centraux, Free a dégroupé 3 fois plus que SFR cette année. A ce rythme, il dépassera son concurrent d'ici la fin du premier trimestre 2015.
Dégroupage | Bouygues | Free | OVH | SFR |
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2014 | 200 | 1500 | - | 500 |
Total | 820 | 6550 | 180 | 6800 |
Parallèlement au dégroupage, les opérateurs ont profité de l'année 2014 pour déployer le VDSL2. Autorisé depuis octobre 2013 sur les lignes en distribution directe, le VDSL2 permet d'augmenter significativement le débit des lignes dont la longueur n'excède pas un kilomètre. En 2014, Orange a été particulièrement actif en passant son parc de NRA VDSL2 de 5100 à plus de 7500 en cette fin d'année. Quant aux opérateurs alternatifs, ils n'ont pas chômé non plus avec 3200 NRA VDSL2 chez SFR (contre 1570 fin 2013) et 780 chez Bouygues Télécom (480 fin 2013). Du côté de Free, aucun chiffre n'est disponible mais l'opérateur a confirmé l'été dernier son objectif d'achever la migration vers le VDSL2 de tous ses équipements d'ici le 31 décembre.
Depuis le 27 octobre dernier, le VDSL2 est désormais généralisé à l'ensemble des lignes téléphoniques, y compris celles qui sont en distribution indirecte (raccordées à un sous-répartiteur). Grâce au VDSL2 et aux opérations de montée en débit lancées par les collectivités locales, le réseau téléphonique contribue désormais partiellement au plan France Très Haut Débit qui vise à fournir une connexion très haut débit (débit descendant de 30 Mbit/s) à l'ensemble des français d'ici 2022.
VDSL2 | Bouygues | Orange | Free | OVH | SFR |
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2014 | 480 | 2460 | nc | - | 1570 |
Total | 780 | 7560 | nc | 180 | 3200 |
...mais aussi de la fibre optique !
Après des années de piétinement puis un frémissement en 2013, la couverture en fibre optique s'est densifiée en 2014. Chapeauté par la mission France THD qui a organisé sa 1ère conférence annuelle en février dernier, le déploiement s'organise autour des investissements privés des opérateurs en zones denses (57% de la population) et des réseaux d’initiative publique (43% de la population) financés par les collectivités et subventionnés par l'Etat.
En 2014, de nombreuses villes ont ainsi été ouvertes à la fibre optique. Orange et SFR se sont notamment distingués sur les réseaux de fibre jusqu'au domicile (FTTH). Au cours de l'année, l'opérateur historique a partiellement fibré une centaine de nouvelles communes (300 fin 2013 contre 407 fin 2014) contre une soixantaine pour SFR (160 fin 2013 contre 220 fin 2014). Visiblement concentré sur le mobile et sur le dégroupage/VDSL2, Free n'a quasiment pas avancé sur le déploiement de la fibre optique. Cette année, l'opérateur s'est seulement contenté de fibrer une partie de Strasbourg et de Marseille.
Sur les réseaux de fibre avec terminaison coaxiale (FTTLa), Numericable a également mis les bouchées doubles en 2014. Habituellement, le cablo-opérateur modernisait son réseau à un rythme régulier d'environ 400 000 foyers par an. En 2014, ce sont près de 800 000 foyers qui sont devenus éligibles au très haut débit (100 Mbit/s). Rien que dans le département de Seine Saint Denis, Numericable a basculé en très haut débit 120 000 logements en mars dernier.A l'instar du partenariat signé en 2013 avec le réseau d’initiative publique de l'Ain (SIEA), Numericable s'est également installé en 2014 sur le réseau SIVU qui couvre 22000 foyers près de Dunkerque.
Bouygues | Orange | Free | Numericable | SFR | |
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2014 | 16 | 113 | 2 | 125 | 73 |
Total | 79 | 406 | 60 | 575 | 217 |
De manière générale, en 2014, on constate que les nouveaux déploiements de fibre optique (FTTH) ont surtout concerné des villes moyennes (des préfectures par exemple) ainsi que des communes périphériques des grandes agglomérations régionales. Le déploiement de la fibre prend ainsi la forme d'une couverture en "tâche de léopard" qui ne sera comblée à terme que par l'action des collectivités locales. Fin 2014, 68 dossiers concernant 80 départements ont été déposés devant le Fonds national pour la société numérique, et une trentaine ont d'ores et déjà validés par le Premier Ministre.
En 2014, les opérateurs ont relancé la guerre des débits
Déjà engagée par SFR et Free en 2013, la guerre des débits s'est poursuivie en 2014. En mars, Orange a par exemple lancé une nouvelle offre FTTH - la Livebox Jet Fibre - affichant un débit théorique de 500 Mbit/s. Une vitesse amenée à doubler dans les prochaines semaines puisque des tests sont en cours pour porter le débit à 1 Gbit/s. En octobre dernier, Bouygues Télécom a officialisé le débit d'un Gigabit/s sur son forfait Bbox fibre en se démarquant avec un prix particulièrement agressif (25.99€).
Enfin, Numericable s'est également illustré au cours de l'année en doublant le débit remontant de ses connexions en mars. En upload, la vitesse est ainsi passée de 1 à 2 Mbit/s en zone "30 Méga", de 5 à 10 Mbit/s en zone "100 Mega" et de 10 à 20 Mbit/s en zone "200 Mega". Enfin, à partir de novembre, Numericable a également doublé et même quadruplé la vitesse maximale de téléchargement (passage de 200 à 400 puis 800 Mbit/s). Attention néanmoins, cette hausse de débit ne concerne que les abonnés LaBox Family situés en zone couverte.
2014, l'année de la consolidation
L'un des événements les plus structurants du paysage Internet français a été le rachat de SFR par Numericable pour 13.5 milliards d'euros. Durant les 3 premiers mois de l'année, la cession de la filiale de Vivendi a alimenté les tractations entre les opérateurs et le Gouvernement. Au final, et malgré le soutien appuyé de certains défenseurs d'un retour à un marché à 3 opérateurs, Numericable a remporté son combat face à Bouygues Télécom.
La vente de SFR a modifié profondément le marché français des télécoms. Premièrement, elle a notamment créé de facto le premier véritable opérateur intégré capable de rivaliser avec Orange (SFR sur ADSL/mobile et Numericable sur le très haut débit). Deuxièmement, elle a obligé Free et Bouygues à adapter leurs stratégies. Ainsi, Bouygues Télécom a réformé profondément sa structure pour alléger ses coûts et simplifier ses gammes d'offres. Et Free n'a finalement pas pu récupérer le réseau de Bouygues à bon compte (dans le cas où Bouygues aurait racheté celui de SFR), ce qui lui aurait économisé des années de déploiement mobile.
Enfin, ce rachat aura aussi mis en lumière l'accélération du processus de consolidation qui touche désormais de nombreux opérateurs télécom. Après SFR, Patrick Drahi, le PDG d'Altice (maison mère de Numericable) s'est ainsi emparé de Portugal Telecom alors que Free tentait sans succès un raid sur le géant T-Mobile, la filiale américaine de Deutsche Telekom. De son côté, Orange se concentrait en septembre sur l'espagnol Jazztel tout en cédant en décembre sa filiale anglaise EE à British Telecom. Sans oublier, le brésilien GVT racheté par Telefonica, Xavier Niel qui s'offre Orange Suisse, ou encore dans une moindre dimension, Wibox qui fusionne avec Cityplay et qui cède ses activités radio à Ozone.