L'ADSL est mort, vive le FTTH ! 4 millions de foyers fibrés en 2012 ! La fibre optique au prix de l'ADSL ! Les annonces de 2006, puis de 2007 et finalement de 2008 n'ont pas eu l'effet escompté. Et pourtant, ce ne sont pas les offres qui manquent.
Free, Orange, SFR, Numericable et désormais Dartybox commercialisent des abonnements FTTx jusqu'à 100Mbits par seconde. Mais qui en profite réellement ? Estimé autour de 45000 au 31 décembre 2007, le nombre d'abonnés fibrés a triplé en 2008. Près de 150 000 chanceux - dont une majorité de clients Numericable - disposent donc du Très Haut Débit.
En 2008, Numericable a rénové son réseau en remplaçant une grande partie de son infrastructure HFC (câble coaxial) par de la fibre optique. Pas moins de 141 villes sont directement reliées au backbone optique du cablo-opérateur. Bien que différente du FTTH (jusqu'à l'abonné), la technologie FTTLa (jusqu'au noeud optique) permet d'atteindre des débits équivalents en réception (100Mbits). A l'heure actuelle, la vitesse en émission est néanmoins moins attractive (5Mbits) que celle des offres FTTH d'Orange, SFR et surtout Free.
La fibre optique de ces derniers n'est en revanche disponible que très localement. Paris fait bien évidemment office de ville "privilégiée". Comtpe tenu de la densité des infrastructures et de la population, les fournisseurs peuvent déployer rapidement et à moindre coût leur fibre jusqu'aux abonnés. SFR dispose ainsi du réseau hérité du rachat de l'opérateur Erenis. Orange poursuit également ses travaux. Tout comme Free dont l'objectif est de couvrir horizontalement 70% de Paris au second semestre 2009. Mais dès qu'on s'éloigne de la Capitale, la paire de cuivre reprend ses droits.
Free fait acte de présence à Montpellier, tandis que SFR exploite le réseau Très Haut Débit à Pau. Orange fait un peu mieux puisqu'il pré-déploie actuellement la fibre dans une douzaine de métropoles régionales comme Toulouse, Nantes, Lille ou encore Poitiers.
Des offres disponibles et un déploiement qui démarre, où est le problème me direz-vous ? En 2008, la question de la mutualisation a monopolisé (sic) le débat entre les acteurs du secteur, qu'ils soient opérateurs, consommateurs ou représentants institutionnels. Chaque opérateur va-t-il tirer sa propre fibre et va-t-on se retrouver avec non pas un mais 3 ou 4 réseaux FTTx ?
Un Grenelle du Très Haut Débit et un Plan Numérique plus tard, il semblerait qu'il a été décidé de ne rien décider ! Alors qu'Orange milite pour un déploiement Point à Multipoints (GPON), Free estime de son côté que la solution Point à Point (P2P) est meilleure. Au milieu de cette bataille d'initiés, l'ARCEP est intervenue en demandant des expérimentations pour établir clairement les données opérationnelles, financières et juridiques des deux solutions envisagées pour le fibrage vertical.
Mais en septembre dernier, la situation s'est détériorée. Chacun accusant l'autre de bloquer le déploiement, de craindre la concurrence, ou de gagner du temps. Malgré un soutien public de Paul Champsaur, l'ancien président de l'ARCEP, Free s'est pourtant retrouvé isolé depuis qu'Orange, SFR et Numericable ont signé un "accord qui précise les modalités de mutualisation du câblage en fibre optique installée par l’un ou l’autre dans les immeubles, en étudiant notamment l’utilisation optimale des infrastructures existantes".
Le clivage GPON/P2P, et donc Orange/Free, est tel que le Gouvernement a décidé de reprendre en main le dossier de la fibre optique. Eric Besson, le secrétaire d'Etat à l'Economie Numérique, a donc créé un comité de pilotage qui surveillera la mise en place des différents expérimentations techniques. Les conclusions de ce comité seront publiées au Printemps prochain dans le meilleur des cas.