Au 30 juin 2011, l'ARCEP dénombrait 22 millions d'abonnements à Internet haut et très haut débit en France (hors internet mobile 3G). La répartition des abonnements par technologie est la suivante :
- ADSL : 92.85%
- Autres (wifi, wimax, cable, satellite) : 4.63%
- Fibre avec terminaison coaxiale (FTTLa) : 1.82%
- Fibre optique jusqu'à l'abonné (FTTH) : 0.70%
Avec seulement 2.5% des internautes connectés à très haut débit, autant dire que les choses n'avancent pas....très vite. Ainsi, on ne compte que 17 000 nouveaux abonnés (pour un total de 155 000) à une offre de fibre optique Orange, Free et SFR au cours du second trimestre. Sur la même période, l'ARCEP dénombrait 22 000 clients supplémentaires (400 000 au total) connectés sur le réseau très haut débit de Numericable (y compris Auchanbox, Dartybox et Bbox).
Au total, la France du très haut débit se résume actuellement à 555 000 foyers alors même que plus d'1.2 million de logements sont éligibles au FTTH, et que 4.5 millions de foyers peuvent profiter du 100 Mbit/s via le réseau Numericable.
Cela signifie donc que des centaines de milliers d'internautes sont éligibles au très haut débit mais qu'ils gardent leur offre ADSL moins rapide (et au même tarif). Pourquoi ne font-ils pas évoluer leur abonnement ?
Indéniablement, les opérateurs doivent intensifier d'une part leurs efforts de pédagogie pour résoudre un véritable défaut d'information. Et d'autre part, il ne faut pas oublier que de nombreux internautes sont pleinement satisfaits de leur offre ADSL par rapport à l'utilisation qu'ils font de leur connexion.
Bien entendu, des milliers de "digital natives" et autres "geeks" restent incrédules (médusés ?) devant l'attitude de "Mme Michu" qui se demande : pourquoi changer ma connexion qui marche bien ? Ou encore, à quoi bon avoir 100 Mega (Mme Michu ne connait pas les mbit/s) pour lire des mails et regarder la météo sur Yahoo ?
Et Mme Michu n'a pas tort. Aujourd'hui, le très haut-débit ne sert finalement qu'à améliorer le service de télévision packagé dans les forfaits multi-services. Or, la TV n'a finalement pas - ou peu - évolué. Ou du moins pas encore suffisamment.
La HD ? Le nombre de chaînes diffusées en haute définition augmente lentement au point que les 19 chaînes gratuites de la TNT ne sont pas encore HD Ready. La 3D ? Une innovation certes mais les programmes se comptent sur les doigts de la main, sans parler du faible taux d'équipement en TV 3D et les contraintes de prix et de matériels (lunettes...).
Reste finalement le "multi-écrans" qui permet de regarder plusieurs programmes sur différents téléviseurs sans perte de qualité. Mme Michu pourrait être intéressée, histoire d'être tranquille lorsque Monsieur regarde son match de foot hebdomadaire. Mais sera-t-elle prête à subir une augmentation de 15 à 20% du prix de son abonnement pour en profiter ?
Le très haut débit des villes progresse lentement, alors qu'à l'inverse le très haut débit à la campagne connaît un véritable succès avec des taux de pénétration de 80% dans les zones fibrées. Cette appétence s'explique notamment par un réel besoin de services dématérialisés (e-administration, e-santé...) pour compenser l'éloignement des structures physiques bien souvent localisés dans les centres urbains.
Se pose donc inévitablement la question des déploiements et de leurs financements mais aussi celle des usages. N'est-il pas paradoxal que l'offre de très haut débit se développe dans les zones où la demande n'est pas la plus forte ? Dommage que l'ARCEP ne publie pas des données plus fines en segmentant les villes des communes dans son observatoire du très haut débit par exemple.