Hier, lors d'un déjeuner avec des députés UMP, Nicolas Sarkozy aurait déclaré être "assez sceptique et réservé sur le choix d'un quatrième opérateur mobile, le prix le plus bas n'étant pas forcément le meilleur".
Cette petite phrase ne rassure visiblement pas les observateurs qui estiment que le groupe Iliad (maison mère de Free) est le mieux placé pour devenir le nouvel entrant sur le marché de la téléphonie mobile.
Le titre Iliad a d'ailleurs chuté en Bourse dès l'ouverture des cotations ce matin. Cette baisse montre l'inquiétude des investisseurs qui craignent que l'attribution de la licence échappe ua groupe de Xavier Niel.
Plusieurs questions se posent suite à ce nouveau pavé dans la mare de la 4ème licence 3G. S'agit-il d'un geste de l'Elysée répondant au lobbying d'Orange, SFR et Bouygues ?
Les opérateurs déjà en place ont multiplié les manœuvres pour éviter - ou plus raisonnablement - freiner l'arrivée d'un nouvel entrant sur le juteux et stratégique marché de la téléphonie et de l'Internet mobile. La Commission Européenne pourrait être saisie du dossier dans le cadre d'une plainte visant à contester le prix des fréquences.
Initialement de 619 millions d'euros, le tarif de la licence a été ramené à 240 millions par le Gouvernement. Il ne s'agit pourtant pas d'une ristourne puisque du coup ce prix ne concerne que l'octroi d'un tiers des fréquences (soit 5 Mhz au lieu de 15).
Aujourd'hui, la balle est dans le camp de l'Autorité des Télécommunications (ARCEP). Les candidats peuvent déposer leur dossier jusqu'au 29 octobre prochain. La décision d'attribution ne devrait pas être connue avant plusieurs mois.
Présenté comme le grand favori, Iliad n'est pas le seul à s'intéresser à la 4ème licence mobile. Virgin mobile (opérateur virtuel opérant sur le réseau Orange), et Numericable sont également sur les rangs. La société Kertel, un temps candidate, a depuis jeté l'éponge. Bolloré Télécom, qui a déjà la main mise sur de nombreuses fréquences WiMax, serait également intéressé mais uniquement dans le cadre d'un partenariat.
Derrière la question de la 3G se cache de nombreux enjeux économiques, mais aussi politiques et environnementaux. Le prochain opérateur aura besoin d'une forte assise financière pour investir dans un réseau, sans parler des effets sur l'emploi. Le nouvel entrant travaillera-t-il avec un équipementier chinois ? Ses centres d'appel seront-ils délocalisés ? Aura-t-il les moyens de tenir ses engagements d'aménagement du territoire et de couverture de service ? Une guerre des prix détruira-t-elle plusieurs milliers d'emplois comme le pense Martin Bouygues ? Pourra-t-il mettre en place de nouvelles antennes dans un contexte de "peur des ondes" ?