Alors que c'est désormais la 5G qui phagocyte tous les sujets liés au futur des réseaux numériques hertziens, les réseaux basses fréquences comme LoRa, Sigfox et autres étant passés au second plan, le Li-Fi fait figure de challenger. La 1ère conférence dédiée au Li-Fi dans la Ville, vient de se dérouler le 6 octobre 2016 à Paris.
En présence de Marc Rozenblat (Président de la Smart Lighting Alliance, de Valérie Pécresse (Présidente de la Région Ile-de-France) et de Patrick Ollier (Président de la Métropole du Grand Paris), ont été abordées les applications de cette technologie 'Light Fidelity', qui permet de transporter des données numériques via la lumière.
Plusieurs expérimentations sont en cours sur plusieurs sites en France, même si pour le moment, les restrictions technologiques ne laissent pas voir une commercialisation de masse avant plusieurs années. Cependant, quand on sait que des constructeurs comme Samsung ou Apple, s'intéressent de très près à cette technologie, cela n'est pas totalement anodin. Il faut savoir que depuis 2011, le protocole Li-Fi est régi par la norme internationale IEEE 802.15.7, avec un consortium qui lui est dédié.
Le Li-Fi : comment ça marche ?
Considérée comme une vraie alternative au WiFi, cette technologie se base des fréquences lumineuses, avec des LEDs qui peuvent s'allumer et s'éteindre plus d'un million de fois par seconde. Des modulations invisibles pour l'œil humain, qui sont encodées numériquement pour transmettre données, vidéos... Si l'émission de lumière de ce type est assez 'facile' vers un appareil compatible, dans l'autre sens, c'est bien entendu beaucoup plus compliqué. De fait, pour le moment, les applications concernent surtout du prototypage ou des usages professionnels, avec le plus souvent une clef USB ou dongle, qui se connecte sur un smarthpone ou un PC, afin de rendre l'appareil compatible Li-Fi pour recevoir/émettre.
Les vitesses de transmission seraient jusqu'à 10 fois plus rapide qu'en WiFi... mais sous certaines conditions ! Malheureusement, le Li-Fi possède un énorme désavantage : si on passe la main, ou n'importe quel objet devant le récepteur, la connexion Internet est tout simplement coupée ! Cela limite donc la portée et les usages, en intérieur ou pour des connexions essentiellement unidirectionnelles.
Le Li-Fi, une technologie sécurisée, sans danger et géolocalisée
Le gros avantage de cette technologie, vient des ondes lumineuses utilisées, a priori sans aucunes conséquences sur la santé des utilisateurs. Ceci au contraire du WiFi ou des réseaux mobiles, avec des ondes hertziennes qui font l'objet de plus en plus d'études alarmistes sur leurs éventuels effets négatifs. Les personnes dites électro-sensibles, particulièrement affectées par les antennes 2G/3G/4G, par les smartphones et par tous les appareils émettant des ondes électromagnétiques, pourraientutiliser le Li-Fi sans aucune contre-indication !
Un autre avantage du Li-Fi est sa capacité de géolocalisation à l'intérieur des bâtiments, qui autorise une précision de 10 cm avec une latence de 10 ms, là où les technologies existantes (GPS, WiFi, réseaux mobiles...) géolocalisent à quelques mètres près, avec une latence de quelques secondes.
Enfin, de par son principe d'échange de données par la lumière, le risque de piratage de la connexion est quasiment nul, bien loin du WiFi et des connexions sans fils en règle général...
La France, au top sur le Li-Fi
Sur cette technologie, les entreprises françaises se situent une fois encore dans le peloton de tête, avec plusieurs sociétés sur le sujet dont Luciom, Oledcomn, ou Lucibel, qui ont déjà prouvé leur maîtrise du sujet, tout comme Philips ou des sociétés fortement impliquées comme EDF, Sogeprom...
Lucibel a annoncé en septembre le lancement commercial d'un luminaire LED Li-Fi, choisi pour une première installation en Ile-de-France. D'autre part, avec sa technologie Li-Fi, Lucibel a reçu le prix de la cyber-sécurité aux Trophées de la Sécurité grâce à sa solution « LiFi by Lucibel » le 4 octobre dernier. Sogeprom a fait la démonstration d'un prototype de luminaire Li-Fi Lucibel, autorisant une connexion bidirectionnelle de 10 Mbit/s.
De son côté, Oledcomm a déjà réalisé plusieurs tests, notamment sur le centre Leclerc de Saint Grégoire, au nord de Rennes fin 2015... A Palaiseau, dans l'Essonne, un test Li-Fi est également en cours, sur 70 lampadaires équipés de routeurs Li-Fi, un test déployé par EDF toujours avec Oledcomm. La prochaine étape consistera à équiper les futurs usagers de récepteurs se branchant sur les smartphones pour recevoir les données, dans un premier temps des sites et flux de données préprogrammés.
D'un point de vue coût et accessibilité pour le grand public, pour le moment, c'est un peu la grande inconnue. Si l'avantage du Li-Fi permet en théorie de se libérer des contraintes de fréquences et d’opérateurs mobiles, avec un surcoût minime au niveau de l’éclairage (LED, donc peu consommateur d'énergie !), il faut bien qu'à un moment donné, l'accès à Internet soit assuré. Avec la saturation des canaux de radiofréquences qui s'annoncent déjà avec les dizaines de milliards d'objets connectés, toute alternative sera la bienvenue, ce qui explique également l'intérêt des industriels et des collectivités pour le Li-Fi. Un dernier chiffre qui a lui seul explique le potentiel de cette techno : les ampoules LEDs devraient représenter 45% des éclairages dans le monde d'ici 2020 !
Les usages les plus évidents seraient par exemple dans les centres commerciaux et magasins, pour diffuser des publicités géolocalisées vers les clients, dans des gares pour donner des informations, mais aussi et surtout dans les lieux interdits aux smartphones à cause des perturbations électromagnétiques ou pour des raisons de santé (avion, hôpitaux, crèches...).