Quelques rappels techniques
IP ou « Internet Protocol », est un protocole réseau permettant de connecter et d’identifier les ordinateurs et les autres appareils reliés au réseau internet. Actuellement, c’est la version 4 (ou IPv4) du protocole datant de 1981 qui est utilisée. Le chiffrement des adresses était prévu sur 32 bits et permettait d’en distribuer 4,3 milliards (soit 232). Le nombre grandissant d’appareils connectés soit au réseau soit entre eux et le déploiement rapide d’internet ont fait atteindre cette limite dés le début 2011.
Le régulateur internet a donc choisi de mettre en activité le remplaçant d’IPv4, le protocole IPv6, protocole finalisé depuis décembre 1998. Ce dernier étant chiffré sur 128 bits, cela étend presqu’à l’infini le nombre d’adresses à attribuer. En effet celui-ci passe à 340 sextillions (soit le chiffre 34 suivi de 40 zéros) adresses disponibles pour relier les terminaux.
Le protocole IPv6 devrait également apporter également quelques améliorations notamment dans les communications, l’automatisation des processus de configuration des machines, la qualité de service et dans les infrastructures.
Une volonté de déploiement
Le 6 juin 2012 et l’évènement « World IPv6 Launch » correspond à la date officielle, en forme de clin d’œil (IPv6 lancé le 06/06), d’activation de l’IPv6 par les principaux sites Web, les fournisseurs d’accès à Internet et les gestionnaires d'infrastructure réseaux participant au lancement (parmi lesquels se trouvent Google, Facebook, Cisco ou encore le français Free).
Les entreprises participantes ont pris comme engagement de faire transiter 1% de leur trafic via l’IPv6 afin de généraliser et d’accélérer son développement car son utilisation actuelle à l’échelle mondiale est de seulement 0,5%.
Ce taux peut paraître faible mais il témoigne de la problématique existante sur la mise en place du protocole.
Jusqu’à cette initiative, les fournisseurs d’accès internet et les fournisseurs de contenus se renvoyaient dos à dos. Les premiers ne souhaitaient pas déployer IPv6 car les utilisateurs n’en faisaient pas la demande, les seconds ne mettaient pas de contenus disponibles par manque de connectivités.
La mise en place sur les réseaux
Les FAI auront de gros efforts à fournir notamment au niveau de leurs infrastructures et de leur matériel pour assurer le trafic des paquets IPv4 et IPv6 qui cohabiteront ensemble jusqu’à l’épuisement de l’utilisation de l’IPv4. Cette cohabitation est d’autant plus importante que les deux protocoles sont incompatibles entre eux.
« La transition prendra dix ans ou plus. On verra émerger des plateformes géantes de translation entre IPv4 et IPv6, et sûrement des solutions Open Source » note chez Zdnet Jérôme Fleury le directeur technique du point d’échange français, France IX.
En France, force est de constater que tous les fournisseurs ne sont pas au même stade de maturité concernant la mise en place d'IPv6."Si les grands services sont prêts pour IPv6, ce n’est pas le cas de certains fournisseurs d’accès. La transition est plus simple pour les services que pour les FAI." toujours selon M. Fleury.
Nerim a été le premier fournisseur d’accès à mettre en place l’IPv6 dans ses offres pour les particuliers dès mars 2003.
Free, qui a permis grâce à son implication dans l’ISOC de positionner la France parmi les leaders du déploiement de l’IPv6, le propose pour ses utilisateurs dégroupés depuis 2007 et nativement pour son offre FTTH.
SFR permet d’activer la fonctionnalité depuis les paramètres de la neufbox depuis mai 2011 et Numericable l’inclut dans « LA BOX by Numericable » que l’on retrouve dans les offres Power et Platinium.
Orange de son côté a publié un communiqué le 5 juin pour clarifier sa stratégie de déploiement de l'IPv6.
L’opérateur historique qui ne figurait pas parmi les participants inscrits sur le site de l’ISOC a annoncé sa participation au lancement officiel. Les sites www.orange.fr, et www.orange-business.com ont été rendu accessibles via IPv6 et du côté des contenus web. Orange indique avoir mis en place dès 2008 un programme d'introduction du nouveau protocole dans les infrastructures réseaux pour les environnements fixe et mobile, mais également pour les marchés résidentiel et entreprise. Les travaux de mise en compatibilité se poursuivent notamment en Belgique et en France avec pour objectif "d’être prêt au moment où les adresses IPv4 viendront à épuisement dans ces pays".Enfin, Orange propose des offres IPv6 à ses clients professionnels depuis 2009 via VPN et les fonctionnalités seront prévues pour les particuliers dans la nouvelle génération de livebox lancées courant 2012.Les fournisseurs d’accès n’ont pas tous le même avancement dans la mise en place d’IPv6 et la maîtrise du réseau, des infrastructures et du matériel permettant une meilleure réactivité.
Les impacts pour l’utilisateur
Les serveurs et les sites Web de contenus se retrouvent en bout de chaîne car l’accessibilité aux contenus IPv6 qu’ils auront généré ne pourra se faire que si l’utilisateur a un système compatible et que son FAI fasse passer ses services en mode IPv6.Pour Laurent Toutain, Enseignant-chercheur du Département Réseaux, Sécurité et Multimédia de Telecom Bretagne, interviewé par ItExpresso les choses évoluent"Les éléments se mettent en place au fur et à mesure chez les hébergeurs et dans les réseaux. Par contre, c’est le dernier kilomètre pour atteindre l’utilisateur qui manque."
Il est difficile de dire si ce protocole sera adopté par l’utilisateur dans les mois à venir. Sans nécessité de changer de matériel ou d’effectuer des mises à jour de son équipement et devant le constat que tout fonctionne aujourd’hui, celui-ci semble peu s’intéresser à cette évolution de protocole. Le changement devrait être transparent pour lui car les systèmes d’exploitation ainsi que les navigateurs internet récents gèrent déjà nativement l’IPv6.
Il semble probable que l’utilisateur aura quand même des mises à jours, fonctionnalités à activé ou des remplacements de ses équipements notamment au niveau des box des fournisseurs d’accès.