Dans un communiqué, le FTTH Council s'inquiète des "gouvernements et des décideurs qui remettent en question l'agenda numérique 2020 de l'union européenne".
Face à ceux qui prétendent que le financement des réseaux FTTX est impossible, que l'Europe à des problèmes plus urgents à traiter, et qui affirment qu'il n'y a pas d'appétence pour des connexions Internet plus rapides, Karin Ahl défend au contraire l'idée que le FTTH est l'un des piliers sur lequel l'Europe du futur se construit.
A ceux qui disent "personne n'aura besoin de 100 mbit/s avant la prochaine décennie", le FTTH Council Europe énumère les erreurs d'estimation faites dans le passé par certains précurseurs de l'industrie informatique. Bill Gates, l'ancien PDG de Microsoft, prétendait en 1981 qu'aucun "ordinateur personnel n'aura jamais besoin de plus de 640 Kbits de mémoire" !
Reprenant l'exemple de la TV HD, peu généralisée au début des années 2000, Karin Ahl souligne également que les premières TV ultra HD ("4K") arriveront sous le sapin de Noël cette année. Bref, l'offre créerait la demande qui suivrait elle même les cycles d'innovation et la généralisation des nouveaux usages.
Sur la question sensible du financement, le FTTH Council estime que le défi est à la hauteur de l'enjeu sans être pour autant aussi terrifiant que certaines études le prétendraient. L'étude des coûts réalisée par le FTTH Council Europe - qui se base sur des réseaux FTTH déjà existants - indiquerait un investissement total de 200 milliards d'euros pour fibrer (presque) tous les européens.
200 milliards me direz-vous ! Cela peut sembler énorme mais Karin Ahl relativise en précisant que "ce montant est deux fois moins élevé que celui d'autres estimations" et qu'il est à comparer avec les 80 milliards investis, par exemple, par l'Allemagne dans ses infrastructures télécoms ces 10 dernières années.
Le FTTH Council rappelle, par ailleurs, que le plan de financement "Connecting Europe Facility" (CEF) comprend un volet de 9.2 milliards d'euro dédié au développement des réseaux Internet dans l'Union Européenne. Ces 9 milliards ont ainsi vocation à servir de levier pour enclencher un cercle vertueux entre l'offre, la demande et les infrastructures.
Bien que le CEF ne représente qu'une goutte dans le budget européen, le FTTH Council estime qu'il subit de lourdes attaques, notamment de plusieurs pays préférant investir dans les routes, les rails et les aéroports plutôt que dans les infrastructures numériques.
Pour Karin Ahl, affaiblir le financement des réseaux FTTH et les objectifs de l'Agenda Digital Europe 2020 diminuera obligatoirement la compétitivité de l'Europe, alors même que de nombreux leaders des télécoms et du web viennent déjà du reste du monde (Asie et USA).
S'appuyant sur l'étude "Need for Speed" d'Arthur D. Little, le FTTH Council préconise une hausse du taux de pénétration d'Internet de 10% et le doublement des débits, qui entraîneraient respectivement une croissance de 1 et de 0.3% du PIB en Europe.
Conscient de la frilosité des opérateurs à investir dans la fibre, et l'intérêt suscité par le VDSL2 en France, en Belgique ou en Allemagne par exemple, le FTTH Council plaide pour un déploiement européen de la fibre jusqu'à l'abonné malgré le manque d'enthousiasme du marché et du grand public.