À la clef, ce sont près de 20 000 emplois qui seront directement créés, uniquement sur l'aspect raccordement physique des foyers/sociétés au réseau THD d'ici 2022, que cela soit sur le réseau public, mais aussi sur la section finale de raccordement jusque dans les bâtiments (FttH). Ce vaste projet induira surtout des dizaines de milliers d'emplois supplémentaires dans toutes les services et les industries connexes.
Le Plan France Très Haut Débit prévoit d’équiper en théorie 100% du territoire d’ici 2022, en France métropolitaine, mais aussi dans les territoires ultra-marins, avec une connexion Internet de 30 Mb/s ou plus, avec quelques bémols à prendre en considération. Il sera en effet impossible de déployer un réseau fibré pour couvrir l'ensemble du territoire et de la population, ce qui signifiera la mise en place de technologies alternatives, de "montées en débit", pour déployer un réseau THD sur tout le territoire. On parle ici de technologies VDSL 2 (cuivre) et hertziennes (Wi-Fi/WiMax, 4G/LTE et satellite).
Un objectif intermédiaire de très haut débit pour 50% des foyers en 2017 sera un premier point de contrôle essentiel. Les récentes études montrent que les intervenants (gouvernement, opérateurs et collectivités territoriales) ont rattrapé à fin 2013 le retard par rapport aux prévisions de déploiement du THD prévues dans le cahier des charges initial. En 2022, plus de 80% des logements devront être éligibles au FttH (fibre jusqu’à l’abonné ou « Fiber to the Home »), en remplaçant progressivement le cuivre du réseau téléphonique par de la fibre optique.
Très Haut Débit : bilan à fin 2013
Au 31 décembre 2013, sur un total de 31 millions de foyers raccordés à un réseau de communication électronique filaire, le nombre de foyers éligibles au très haut débit dépassait légèrement les 10 millions. Ce chiffre regroupe les différentes technologies proposant du très haut débit :
- 8,6 millions en câble "modernisé" (fibre optique jusqu’à l’entrée de la rue ou jusqu’au pied d’immeuble)
- Environ 3 millions en FttH (fibre jusqu’à l’abonné, déployée jusqu’à l’intérieur du logement)
- Plus de 1 million en VDSL2 (technologie cuivre améliorée)
Parmi les autres chiffres annoncés, à la fin du 3ème trimestre 2013, le nombre d’abonnements très haut débit a dépassé 1,8 million, soit une hausse de 400 000 en un an. Sur la même période, le nombre d’abonnements FttH est passé de 270 000 à 465 000, soit une hausse de 70 % en un an.
Pour le moment, 940 millions d'euros d'investissement de l'état ont été confirmés, pour des projets de déploiement qui représentent plus de 4 milliards d'investissements mutualisés !
Une synergie collaborative, responsable et mutualisée
Toute la stratégie du Plan France Très Haut Débit repose sur une collaboration entre tous les intervenants, avec un système de conventions et d'engagements des uns et des autres : gouvernement, opérateurs privés et collectivités territoriales.
On retrouve la France séparée en deux types de zones, conventionnées ou non. Dans les premières, les opérateurs privés s’engagent à déployer des réseaux de fibres optiques jusqu’à l’abonné (FttH) pour l’ensemble des habitants d’ici 2020. Les agglomérations et communes de ces zones représentent 57% de la population et 6 à 7 milliards d’euros d’investissement.
En dehors des exceptions prévues dans les villes très denses (conformément au cadre règlementaire de l'Arcep), les réseaux seront mutualisés : un seul réseau est déployé puis partagé entre l’ensemble des opérateurs. En dehors de ces zones conventionnées, les collectivités territoriales déploieront des réseaux d’initiative publique (communément appelés "RIP"), qui concerneront 43% de la population et représenteront un investissement de 13 à 14 milliards d’euros.
La priorité aux services
Un élément intéressant de cette conférence vient du message délivré, qui va au-delà de "simples problématiques techniques ou économiques, avec une volonté forte de privilégier les usages, pour un déploiement du Très Haut Débit avec une réelle utilité au quotidien pour les Français". Pour rappel, l'intérêt de la fibre par rapport au cuivre vient non seulement de la quantité de données qui peuvent être acheminées, mais aussi du fait qu'il s'agit d'une technologie égalitaire.
En effet, contrairement à la technologie cuivre (ADSL/VDSL) qui occasionne de fortes variations de débit/qualité, selon la proximité du logement avec un nœud de raccordement à Internet, la fibre permet de n'avoir quasiment aucune perte. Cela permet à tous les utilisateurs d'avoir une qualité de connexion identique (ou presque) pour un même forfait. Autre élément essentiel, la capacité de débit est symétrique, non seulement en réception de données, mais aussi en émission, ce qui permet de déployer des usages plus variés, notamment sur des services de visioconférence.
Diverses démonstrations ont été réalisées pendant la conférence dans le domaine de la culture, de l'éducation ou de la télémédecine. L'exemple le plus marquant vient de l'annonce faite par la ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie Numérique, Mme Fleur Pellerin, avec un engagement pour qu'à la rentrée de septembre 2014, toutes les écoles soient connectées en "haut débit de bonne qualité" (les solutions via satellite assurant du débit plutôt aux alentours des 20 Mb/s, alors que le THD commence à 30 Mb/s, les termes employés étaient bien sur du Haut Débit).
Encore une fois, il ne sera pas possible de déployer la fibre dans toutes les écoles, mais plutôt de mettre en œuvre le principe de "montée en débit", avec l'utilisation de technologies mixtes, fibres quand ce sera possible bien entendu, mais surtout VDSL2 et hertziennes (satellite majoritairement) pour les zones les plus reculées. Un projet qui rentre dans le cadre de l'annonce faite l'an dernier par l’Association des Maires Ruraux de France, France Télécom Orange, NordNet, et Eutelsat, qui ont lancé « Connect’Écoles : l’Internet par satellite pour l’école rurale ».
Selon la ministre, plus de 14 000 écoles primaires sur 55 000 seraient concernées, avec un budget alloué de 5 millions d'euros.