Fruit de la concertation de nombreux acteurs institutionnels et industriels, le rapport Champsaur privilégie la mise en place d'un statut de "zone fibrée" accordé par l'Etat lorsqu'une commune est entièrement desservie par un réseau en fibre optique. "L’accession au statut de "zone fibrée" déclencherait la mise en œuvre de mesures d’accompagnement pour migrer la totalité des utilisateurs du réseau de cuivre vers le réseau FTTH" précise le rapport.
Concrètement, le réseau cuivre d'Orange ne sera donc débranché définitivement que lorsqu'une zone déterminée sera entièrement équipée en fibre. Une expérimentation à l'échelle d'une ville est notamment menée depuis 2013 à Palaiseau dans l'Essonne. Comme l'a relevé notre confrère Lafibre.info en octobre 2014, Orange annonce que désormais il ne raccorde plus en cuivre les immeubles neufs éligibles à la fibre optique d'Orange dans les zones où il est "opérateur de zone" (zone moyennement dense) ou "opérateur d'immeuble" (zone très dense).
Bien que l'extinction du cuivre réduira d'autant la rente qu’Orange perçoit (notamment via la location de la boucle locale aux opérateurs alternatifs), elle réduira parallèlement les frais d'entretien et de maintenance du vieillissant réseau cuivre. Sans parler de la revente du cuivre et de la diminution de son parc immobilier (un seul noeud de raccordement optique remplace plusieurs centraux téléphoniques ADSL).
Reste que la mort du cuivre ne sera pas prononcée en 2022. Bien que cette échéance soit l'objectif fixé par le Président de la République, n'oublions pas que le plan France Très Haut Débit prévoit que tous les français disposent d'une connexion très haut débit (avec un débit descendant supérieur à 30 Mbit/s donc). Dans 7 ans, chaque foyer ne sera donc pas obligatoirement fibré et desservi par un réseau FTTH.
Un certain nombre de communes et plusieurs millions de français devraient encore bénéficier en 2022 de connexions ADSL/VDSL2/G.fast par exemple. Dans ce cas, le réseau cuivre sera obligatoirement maintenu le temps que les travaux de déploiement soient achevés. Rappelons qu'en zone non dense, les schémas d'aménagement numérique du territoire de certains départements prévoient des investissements jusqu'en 2030 par exemple.
Bien qu'inéluctable et souhaitable, la transition d'un réseau cuivre vers un réseau optique ne sera pas une sinécure. La migration ne se limitera pas à transformer les câbles de cuivre par des fibres ni à transformer les armoires DSLAM des centraux ADSL en baies optiques OLT ! De très nombreuses entreprises, industries ou encore des commerces utilisent des services conçus spécifiquement pour communiquer via le réseau téléphonique (télérelève, alarmes d’ascenseurs, télémaintenance...). Des changements qui auront un coût. Enfin, le basculement du cuivre vers la fibre implique également de préparer les acteurs concernés à un renouvellement des compétences de leurs salariés par exemple.