Certes, l'argument est imparable : il faut produire les biens culturels avant de les consommer, et comme chacun le sait "tout travail mérite salaire". Mais au-delà de l'éternel débat "gratuit/payant" et "légal/illégal", il ne faut surtout pas oublier la notion d'offre et de demande. Bref, le piratage est-il uniquement l'action de voir et d'avoir sans payer, ou bien est-il la réaction de la demande face à la pauvreté de l'offre ?
En titrant sa chronique "Offre légale ? Quelle offre légale ?", le journaliste Jérome Colombani s'interroge justement sur le débat qui rebondit actuellement au travers de la loi Création & Internet. Son expérience d'un soir est bien évidemment limitée (par nature) mais elle a le mérite d'éclairer avec humour et ironie une situation rocambolesque que de nombreux internautes ont déjà vécue.
Que ce soit avec son FAI ou sur deux des plus grands catalogues français de vidéo à la demande, le journaliste peine visiblement à trouver son bonheur. Pourquoi ? Plusieurs raisons sont invoquées : la chronologie des médias est encore défavorable à la VoD puisqu'il faut encore attendre plusieurs mois après la sortie sur grand écran pour qu'un titre soit disponible à la demande.
Et que dire de la richesse des catalogues ? Bien sûr, les distributeurs annoncent plusieurs milliers de références toutes thématiques confondues mais derrière le chiffre - impressionnant de prime abord - se cache parfois la (mauvaise) surprise de ne pas trouver ce qu'on souhaite. Ce paradoxe est d'autant plus insupportable quand on découvre que le film désiré est disponible chez un autre opérateur que le sien par exemple ! Sans parler des productions étrangères, des films d'auteur, des versions originales ou en haute définition qui ne sont pas légion...
Enfin si l'offre légale est parfois limitée avec une configuration de type Windows + Internet Explorer + Box + décodeur IPTV, c'est encore pire pour ceux qui ont l'audace de conjuguer Linux, un navigateur alternatif et une connexion Internet sans service de télévision IP. Les DRM et les incompatibilités techniques poussent alors les internautes les plus vertueux à se transformer en pirate !