Le Cloud Gaming, aussi baptisé Game On Demand (GoD) et traduit par "jeu à la demande" en français, est un service qui permet aux internautes de jouer à un jeu vidéo stocké sur un puissant serveur distant qui renvoie en quasi temps réel les informations via une connexion Internet.
Avec le Cloud Gaming, plus besoin de télécharger un jeu sur son disque dur (comme Steam par exemple), d'acheter un DVD ni même d'investir dans une carte graphique ou une console dernier cri. Les images, les sons et les vidéos des jeux sont entièrement traités dans le nuage informatique, sur des serveurs dédiés, avant d'être envoyés en streaming sur la TV ou l'ordinateur de l'internaute.
SFR, pionnier du Cloud Gaming en France
En France, le marché du jeu à la demande est de plus en plus porté par les fournisseurs d'accès à Internet. Le premier opérateur à s'être intéressé au cloud gaming est SFR. En octobre 2010, SFR a été le premier FAI à commercialiser une offre de jeux à la demande sur son parc de neufbox.
Pour fournir un catalogue d'une centaine de titres, SFR s'est associé avec G-Cluster, l'un des leaders du secteur. Non seulement l'opérateur utilise le service G-Cluster en marque blanche, mais il a également soutenu financièrement son partenaire par le biais du fonds d'investissement SFR Developpement.
Plus d'un million de foyers aurait déjà utilisé le service de jeux à la demande de SFR (en location ou abonnement). Actuellement disponible sur TV, PC ou Mac, le cloud gaming de SFR a été annoncé sur smartphone et tablette pour 2012.
Bouygues Telecom emboîte le pas
Pionnier du cloud gaming, SFR doit aujourd'hui faire face à la concurrence d'un nouveau venu. Parallèlement au lancement de sa nouvelle Bbox Sensation en juin dernier, Bouygues Télécom commercialise également un service de jeux à la demande baptisé Bbox Games.
Pour l'occasion, Bouygues Télécom s'est associé avec Playcast Media, un spécialiste du Cloud Gaming basé en Israël. Playsat fournit déjà des jeux à la demande pour les opérateurs Portugal Telecom, SingTel (Singapour) ou encore le cablo-opérateur coréen CJ Hellovision.
Actuellement, Bbox Games propose une quarantaine de jeux accessibles en illimité pour 8.90€/mois. Le catalogue est certes moins dense et moins varié que chez SFR mais la qualité des jeux n'est pas non plus la même. Si l'offre de SFR est essentiellement orientée autour de titres "casual", le service Bbox Games regroupe surtout des jeux dits "AAA" plus aboutis visuellement.
du cloud gaming chez Free, Orange et Numericable ?
Depuis le lancement de sa Freebox Révolution en décembre 2010, Free commercialise également une offre de jeux. Néanmoins contrairement à SFR et Bouygues, Free n'a pas fait le choix du cloud gaming, et les freenautes doivent par conséquent télécharger leurs jeux (Gameloft et GameTree TV)sur le disque dur de la Freebox.
Du côté d'Orange, on en trouve ni jeux à la demande ni jeux stockés sur le décodeur TV. Le leader français du haut débit se contente actuellement d'un partenariat avec Metaboli, le leader européen de la distribution digitale de jeux vidéo.
Mais la situation pourrait évoluer chez Orange. En novembre 2009, l'opérateur présentait son Orange Box (voir la vidéo) et promettait d'y inclure un service de jeux vidéos. Si l'Orange Box n'a jamais vu le jour, on sait qu'une nouvelle génération de Livebox et de décodeur TV devrait débarquer fin 2012 - début 2013.
Cette future Livebox 3 embarquerait-elle un service de Cloud Gaming ? Si oui lequel ? A défaut d'être dans le secret des dieux, on peut imaginer qu'Orange cherchera à se démarquer de ses concurrents. Un accord avec G-Cluster ou Playcast semble donc improbable.
Si ces deux acteurs du secteur sont hors jeu, qui reste-t-il ? Tout simplement deux poids-lourds du Cloud Gaming : OnLive et GaiKai.
OnLive et GaiKai en embuscade
Bien qu'hypothétique, un partenariat Orange / OnLive aurait du sens. Du côté de l'opérateur, OnLive serait le moyen le plus efficace de proposer l'un des plus gros catalogues de jeux à la demande. OnLive distribue ainsi plus de 270 jeux piochés chez une soixantaine d'éditeurs. On retrouve notamment Batman, Civilization V, FEAR 3, Assassin's Creed, L.A. Noire, Dead Island...
Par ailleurs, l'intégration du service OnLive pourrait être simplifiée si la nouvelle génération de Livebox est équipée du processeur Intel Atom. En effet, OnLive et Intel viennent de signer un partenariat qui prévoit que les équipements Intel Atom embarquent nativement le service OnLive. Notons qu'OnLive pourrait alors concerner aussi bien la Freebox Révolution que La Box de Numericable.
Enfin, signalons qu'OnLive cible actuellement l'Europe. Après un accord avec British Telecom au Royaume-Uni, OnLive a ouvert son service en Belgique avec Belgacom le 30 juillet dernier. Deux pays européens et deux opérateurs historiques en exclusivité...
Actuellement en anglais, les jeux seront rapidement disponibles en français et en néerlandais. Quant aux serveurs OnLive, ils sont hébergés par LuxConnect au Luxembourg à quelques encablures de fibre optique de la France.
L'hypothèse d'une intégration du service de Cloud Gaming de GaiKai ne doit pas non plus être écartée. Récemment racheté par Sony, GaiKai sera bientôt disponible dans les TV connectées.... Samsung !
Rappelons que Samsung et Orange ont signé en 2011 un accord prévoyant la reprise du portail de contenus/services d'Orange sur la plateforme Smart TV de Samsung. Par ailleurs, Samsung est également le fournisseur de décodeurs IPTV d'Orange.
Néanmoins, étant donné que le Cloud Gaming n'est pas dépendant de la puissance de la Box installée chez le client (c'est le serveur distant qui travaille), on peut également imaginer qu'Orange lance un service de jeux à la demande sur l'actuel parc de Livebox et de décodeur.
Ce cas de figure est d'autant plus probable au regard de l'information dénichée par nos confrères d'OrangeInfo. Ces derniers ont, en effet, remarqué que la boutique en ligne d'Orange propose désormais une manette de jeu "compatible avec le décodeur TV d'Orange".
Le Cloud Gaming est aujourd'hui une solution gagnant/gagnant pour les éditeurs et les opérateurs télécom. Les premiers profitent de la dématérialisation et du cloud pour régler la question du piratage et celle de la revente des jeux d'occasion.
Quant aux seconds, ils bénéficient d'un service à valeur ajoutée populaire - le jeu vidéo est le loisir n°1 dans le monde - qui compense la perte des revenus traditionnels (communications). Aussi bien disponible sur une Box que sur une tablette ou un smartphone, le Cloud Gaming incite, qui plus est, les internautes à réunir leurs forfaits chez le même fournisseur d'accès.
Reste désormais à savoir si les internautes adopteront ce nouveau mode de consommation où le jeu n'est plus acheté mais loué sous la forme d'un abonnement sans engagement à tacite reconduction mensuelle. Comme pour la musique (CD/vinyles) et les films (DVD/Blu-Ray), certains puristes resteront bien évidemment attachés au support physique et à la proprieté du jeu vidéo. D'autres, déjà adeptes de la VoD ou de Deezer / Spotify par exemple, adopteront naturellement le Cloud Gaming. Encore faut-il qu'un certaines conditions soient réunies :
- des prix attractifs (entre 5 et 10€/mois)
- une bonne qualité de service (temps de latence entre le serveur et le client)
- un catalogue enrichi (accords avec les éditeurs)
- une bonne expérience utilisateur (interface, ergonomie, intégration des réseaux sociaux, multijoueur...)
- le multi-screen (jouer indifféremment sur TV, téléphone et tablette)
Véritable star du dernier E3, le célèbre salon du jeu vidéo qui se tient début juin à Los Angeles, le Cloud Gaming est indubitablement l'avenir des loisirs numériques grand public. Le jeu à la demande n'est pourtant pas exempt de défauts.