Qu'il s'agisse de Sony, LG, Toshiba ou encore Samsung, on remarque deux tendances fortes pour 2013 : l'amélioration des TV connectées et le lancement de l'ultra HD. Si l'enrichissement de la qualité des images et des fonctionnalités des téléviseurs est (a priori) une bonne nouvelle pour les téléspectateurs, on ne peut pas forcément en dire autant pour les opérateurs mobiles et les fournisseurs d'accès à Internet. Explications.
L'ultra HD est 4 fois plus gourmande en bande passante que la HD
Après la résolution full HD (1920x1080), voici venu le temps de l'ultra HD (4096x2160) permettant d'afficher 8 millions de pixels soit 4 fois plus qu'en HD. Autant dire que la finesse de l'image, sa précision, ses couleurs et sa profondeur seront grandement améliorées... au prix d'une exigence démultipliée de bande passante !
Les programmes de démonstration en ultra haute définition diffusés ces derniers jours au CES de Las Vegas nécessitaient un débit de 35 à 40 Mbits par seconde ! Rappelons que le débit moyen en France tourne entre 5 et 8 mbit/s et que la très grande majorité des internautes français est reliée à l'ADSL, bien incapable de délivrer actuellement plus de 22 mbit/s.
Le décollage de l'Ultra HD posera donc dans les prochaines années la question des débits et donc celle des réseaux. Les opérateurs devront donc investir dans les infrastructures très haut-débit comme la fibre optique et la 4G, mais aussi dans les solutions matérielles et logicielles pour supporter la future norme vidéo HEVC/H265 utilisée pour le transport des flux Ultra HD.
Les faibles capacités de l'ADSL et le déploiement long et coûteux de la fibre optique pourraient d'ailleurs profiter aux cablo-opérateurs dans une certaine mesure, mais aussi aux opérateurs satellitaires. Le 8 janvier dernier, Eutelsat a ainsi lancé la première chaîne de démonstration Ultra HD européenne sur EUTELSAT 10A (10° Est) qui diffuse des images en résolution 3840 x 2160 à une fréquence de 50 Hz pour un débit vidéo de 40 Mb/s en compression MPEG-4.
Avec la TV connectée, l'IPTV n'est plus verrouillée à la Box des opérateurs
La question du financement des réseaux est d'ailleurs intimement liée à celle de la répartition des revenus entre les opérateurs et les "OTT" (services "over the top") tels que Google ou encore Apple. Pour les opérateurs, la TV connectée présente un réel danger grâce à sa capacité à détourner une partie de la valeur ajoutée directement vers les géants du web et les éditeurs plutôt que par l'intermédiaire des fournisseurs d'accès.
Certes, malgré un taux d'équipement croissant, le taux d'adoption des services connectés reste encore faible. Cette tendance s'expliquant par une offre TV peu développée et brouillonne, une ergonomie peu efficace et une utilisation plus complexe que sur le web (inscription, facturation...).
Mais, au vu des présentations faites au CES de Las Vegas, on constate que des efforts sont réalisés sur la navigation (pilotage via smartphone ou via de nouveaux périphériques plutôt que via la télécommande), sur les contenus (plus adaptés grâce à la norme HbbTV) et sur les services (moteur de recherche et de suggestion, convergence avec les réseaux sociaux...).
Par ailleurs, grâce à la standardisation des écosystèmes, menée par le Smart TV Consortium regroupant IBM, Panasonic ou encore LG, les développeurs d'applications n'auront désormais plus besoin de créer une application dédiée pour chaque marque de téléviseur. Un kit de développement ("SDK") permettra de rendre compatible une application sur les toutes plateformes Smart TV compatibles.
En 2013, les nouvelles générations de TV connectées pourraient donc commencer à séduire les internautes, tout du moins les "early-adopters" et plus technophiles dans un premier temps. En effet, ces derniers sont davantage tentés de s'affranchir des décodeurs IPTV des fournisseurs d'accès, et de réaliser au passage des économies sur leur abonnement Internet.
Rappelons que Free et SFR facturent désormais leur service TV en option (entre 1.99€ et 3€/mois), et que certains fournisseurs (OVH ou Prixtel par exemple) proposent des forfaits sans IPTV mais à des tarifs plus agressifs avec à la clé une économie mensuelle comprise entre 5 et 10€. Au final, on peut donc imaginer que certains revenus que les FAI tirent de la TV sur IP (via l'abonnement principal ou les services facturés comme la VoD et les bouquets payants) diminuent et soient redirigés au profit d'autres intermédiaires.