Prendre un rendez-vous chez le médecin, appeler un éventuel employeur ou simplement communiquer avec sa famille : autant d’actions qui semblent aujourd’hui si simples, mais qui sont impossibles pour les personnes sourdes.
Pourtant, rendre accessible tous les moyens de communication auprès des sourds, malentendants, aveugles et autres « autres handicapés de la communication » serait aujourd’hui possible, comme le révèle un article de Rue89.
Selon une étude de l’ARCEP, relayée par Aditus, malgré un nombre de services de communication croissant, les Français continuent de téléphoner et passent en moyenne 3 heures par mois au téléphone. Pouvoir téléphoner est fondamental dans nos sociétés.
Un centre de relais téléphonique
La solution serait la création d’un centre de relais téléphonique qui permettrait à toutes ces personnes d’appeler et d’être appelées sans difficulté. L’idée est de fournir une traduction entre deux interlocuteurs qui s’appellent mais ne communiquent pas de la même manière, en mettant à disposition un interprète en langue des signe, un transcripteur, un codeur en langage parlé complété. Cette interprétation se fait bien sûr en temps réel, 24h/24, 7 jours sur 7, quel que soit le motif de l’appel (personnel, professionnel…), hors appels d’urgence. Cette disposition a déjà fait ses preuves à l’étranger et les les associations militent pour la mise en place d’un tel dispositif en France depuis 2006.
Une mesure publique pour permettre l’établissement d’un tel dispositif
Pour le moment, un service d’appels d’urgence a été mis en place pour permettre l’accessibilité téléphonique à tous : le 114. Quelques services client sont accessibles pour les sourds et les malentendants, mais cela s’arrête là.
Fin janvier 2016, un texte adopté par l’Assemblée Nationale oblige les services d’accueil téléphoniques des services publics ainsi que les services clients des entreprises d’une certaine taille à proposer une solution d’accessibilité téléphonique pour les personnes handicapées, avec un délai maximum de 5 ans.
Cette solution est jugée inefficace par les associations : pas de mutualisation des ressources humaines, peu de qualité des services proposés, vrai casse-tête pour les usagers (à quel service s’adresser auprès de chaque service client / administration ?), limitation du service aux seules entreprises qui en ont les moyens. La liste des contre-arguments est longue. Les associations plébiscitent en effet un service unique avec un centre de relais téléphonique.
Coup de théâtre début avril avec un amendement allant dans ce dernier sens, proposé par la sénatrice du Nord, Valérie Létard : la proposition de ce fameux centre de relais téléphonique avec obligation de mise en place sous un an, avec un financement des opérateurs.
Un budget supporté par les opérateurs télécoms ?
Le budget d’une telle mesure est évalué à 84 millions d’euros selon l’ARCEP, qui estime une accessibilité à 91.000 utilisateurs.
Comme cela est fait dans d’autres pays, dans lesquels un centre téléphonique a été mis en place, les associations préconisent un financement par les consommateurs. Celle-ci est estimée à 0.055 euros par mois et par facture, soit 0.65 euros par an. Cependant cette taxe semble difficile à mettre en place, on lui oppose le pouvoir d’achat en berne, la crise économique et en arrière-plan l’élection présidentielle de 2017. Pourtant, cette mesure vise à simplifier la vie de milliers de personnes dans un contexte qui plus est de baisse des prix dans le secteur des télécoms. Les associations plaident pour une telle mesure qui permettrait de créer des emplois (1500 estimés) mais aussi de permettre à certains handicapés de trouver ou retrouver du travail.
Plusieurs technologies existent pour faciliter la vie des personnes sourdes ou malentendants, mais elles restent payantes et les associations jugent que rien ne peut remplacer les interprètes humains pour le moment, même si elles plaident pour l’investissement dans ces solutions, tout en insistant sur un besoin immédiat d’un centre relais téléphonique.