Toutefois, la machine est en marche, et aujourd'hui 2.4 millions de logements sont éligibles au FttH (fibre jusqu'au domicile), avec une croissance de 250 000 prises installées au premier trimestre. A ce rythme, le parc pourra s'étoffer d'un million de nouvelles fibres connectées par an. Mais selon les déclarations de Jean-Ludovic Silicani, président de l'ARCEP, "il faut encore doubler le rythme de prises éligibles à 2 millions par an". Un objectif qu'il estime atteignable en 2015, pour réussir à fibrer tous les foyers en 2025.
Mais cet objectif à long terme défini dans le plan « France Très Haut Débit » du gouvernement laisserait pendant trop longtemps encore des abonnés avec un débit peu satisfaisant. Conscient des délais de déploiement, l'Etat a décidé de soutenir financièrement les collectivités territoriales (dont l'objectif est de couvrir 40 % de la population) qui souhaitent apporter des solutions rapides et pragmatiques aux problèmes d'accès pour les territoires mal desservis en haut débit. Toutefois celles-ci doivent s'inscrire dans l'objectif final du déploiement de nouveaux réseaux en fibre optique jusqu'à l'abonné (FttH).
Des technologies intermédiaires
Certains opérateurs privés sont également partisans d'un déploiement progressif du très haut débit et moins coûteux. Deux solutions de technologies intermédiaires sont évoquées : le VDSL2 et le FttDP (fibre jusqu'au point de distribution).
Le VDSL2 fait couler beaucoup d'encre depuis que des opérateurs privés communiquent sur cette nouvelle technologie pour augmenter le débit de leurs clients. Grâce au VDSL2, une connexion internet sur ligne téléphonique pourrait théoriquement monter jusqu'à 100 Mbit/s. Cependant, il faut être situé à moins d'un kilomètre du NRA pour bénéficier de cette montée en débit, ce qui concerne selon l'ARCEP seulement cinq millions de foyers.
Plus fort que le VDSL2, la technologie G.Fast sur laquelle s'installe l'architecture FttDP pointe aussi le bout de son nez. Elle consiste à tirer la fibre optique jusqu'à un boîtier situé au plus près de l'abonné, et à utiliser pour les derniers mètres la paire de cuivre déjà présente. Ce réseau de fibre a été testé d'abord à Genève, puis en Autriche il y a quelques jours. Il promet des débits jusqu'à 1 Gbit/s sur 100 mètres. Mais avant d'autoriser un éventuel emploi de ce dispositif sur le réseau régulé d'Orange (ex-France Telecom), l'ARCEP a lancé des travaux exploratoires qui seront synthétisés à la fin de l’année.
Cependant, ce « mix technologique » (pour reprendre l'expression de la ministre Fleur Pellerin) a le don d'irriter les réseaux d'initiative publique. Les collectivités territoriales qui déploient de nouveaux réseaux dans les zones les moins denses ont besoin de visibilité pour s'engager franchement dans le FttH. Les RIP attendent donc une date d'extinction de cuivre pour estimer les retours sur investissement.
Les débits, nouveau critère de choix pour les abonnés
Aujourd'hui les débits sont devenus aussi importants que le prix dans le choix d'une offre internet. La guerre des débits a d'ailleurs commencé entre les opérateurs : SFR annonce jusqu'à 300 Mbit/s en download et 50 mbit/s en upload pendant que Numericable double les débits à Lyon, Marseille et Nantes... Mais même si les internautes cherchent à surfer plus vite, sont-ils prêts à payer un abonnement plus cher ?
Pourtant, le déploiement du très haut débit prévoit un total d'investissements publics et privés de 20 milliards d'euros. L'Etat grappille encore des sous à droite à gauche et espère récolter plus de deux milliards d'euros dans la vente des bandes de fréquence des 700MHz pour la 4G. L'enjeu financier est colossal et devra nécessairement avoir des répercussions sur le prix des abonnements comme le prévoit un employé de Bouygues Telecom, cité par PC INpact : « la fibre à 30€/mois n'a pas de sens, il faut plutôt s'attendre à des tarifs entre 40 et 45€/mois ».