Les villes de Saint-Lô (50), Mareuil-sur-Lay-Dissais (85), Chevry-Cossigny (77), Issoire (63), Sallanches (74) et Aumont-Aubrac (48) ont été sélectionnées par le Gouvernement dans le cadre du programme national "très haut débit" et du Grand Emprunt.
L'objectif consistait "à vérifier que les projets des réseaux d’initiative publique (collectivités locales) pouvaient être convenablement articulés avec ceux du secteur privé, tant sur le plan de leur ingénierie que de leur commercialisation et de leurs processus d’exploitation".
A l'exception du réseau de Mareuil-sur-Lay, financé par Orange sur fonds propres, toutes les expérimentations ont été portées par des collectivités locales et des opérateurs spécialisés dans l'aménagement numérique des territoires.
Ainsi, les opérateurs d'immeuble des projets pilotes ont été :
- Auvergne Haut Débit (Conseil régional d'Auvergne et Orange) à Issoire
- Manche Télécom (CG50 et SFR Collectivités) à Saint-Lô
- Net48 (CG48 et Altitude Infrastructure)
- Sem@for77 (CG77 et Covage) à Chevry-Cossigny
- La Régie Electricité Gaz (RGES) à Sallanches
- Orange à Mareuil-sur-Lay
Entre janvier et juillet 2011, quelques 7000 prises optiques et 8 points de mutualisation ont été installés dans les 6 communes. A noter que plus de la moitié des foyers (57%) raccordés au très haut-débit l'ont été dans les seules communes de Chevry-Cossigny et de Sallanches.
Dans 4 des 6 expérimentations, les opérateurs ont opté pour le déploiement mono-fibre, c'est à dire qu'une seule fibre était tirée entre le le point de mutualisation et le domicile de l'abonné. Deux projets, dont celui de Sallanches, ont opté pour une architecture multi-fibres avec 2 fibres indépendantes par foyer.
A ce titre, les remontées d'information montrent par exemple que le multi-fibres a été choisie lorsque des fourreaux souterrains étaient disponibles. Des études d’ingénierie ont mis en évidence que le surpoids induit par l’architecture bi-fibre pénalisait trop le déploiement de la fibre en aérien notamment...
Pour accueillir les équipements actifs du réseau FTTH, un noeud de raccordement optique (NRO) a été construit dans les 6 communes de l'expérimentation. Pour Issoire et Mareuil, France Télécom a localisé ses NRO dans les NRA (ADSL) déjà existants.
Les NRO - dont la superficie variait entre 10 et 120m² - ont tous été implantés à proximité d'un réseau public de collecte ou d'un central téléphonique de France Télécom pour bénéficier de l'offre de gros Liaison Fibre Optique (LFO) si besoin.
Depuis le NRO jusqu'à l'abonné, la grande majorité des raccordements a été exclusivement réalisée en mode souterrain. Pourtant, par soucis d'économies, peu de travaux de génie civil ont été nécessaires. Les opérateurs ont, en effet, fait appel aux offres de location de fourreaux de France Telecom et des collectivités.
Des déploiements aériens ou en façade ont également été menés. A titre d'exemple, voilà le compte rendu de Net48 qui a tiré 11km de fibre optique à Aumont-Aubrac :
- 1,8 Km en génie civil (dont 1.3km en micro-rainurage)
- 3 km en génie civil aérien (sur 37 poteaux ERDF)
- 600 m de pose en façade
- 4 km via les fourreaux de l'opérateur historique
- 2 km via les fourreaux publics communaux
De manière générale, la phase de construction des réseaux FTTH s'est bien déroulée. Les véritables freins se sont révélés être de nature administrative. Des difficultés (et des retards) ont été constatées sur l'obtention d'autorisations (permission de voirie, arrêtés de circulation...), voire même des contestations sur la propriété des fourreaux...
Au final, les projets-pilotes ont permis à plusieurs centaines d'habitants de bénéficier d'offres FTTH à 100mbit/s chez divers fournisseurs d'accès d'envergure nationale tels qu'Orange (Issoire, Mareuil, Saint-Lô et Chevry-Cossigny), Free (Issoire), SFR (Issoire, Mareuil, Saint-Lô), Bouygues Télécom (Aumont-Aubrac).
Des fournisseurs "locaux" ont également participé à la commercialisation de la fibre à Aumont-Aubrac, Sallanges et Chevry-Cossigny. Citons notamment Wibox, Alsatis, E-Tera ou encore ComCable.
De manière générale, les opérateurs locaux auraient été globalement déçus des taux de pénétration, surtout lorsque les internautes fibrés disposaient déjà d'une connexion ADSL satisfaisante. Un FAI aurait ainsi déclaré que les "opérateurs locaux ne sont bien placés pour commercialiser le FTTH que sur les zones de carence de l’ADSL"....
A l'issue de ces expérimentations, le Gouvernement a publié une liste de 17 recommandations. Les observateurs les plus optimistes retiendront l'introduction encourageante de René Ricol (Commissaire Général à l'Investissement) qui souligne qu'"aucun territoire n’est a priori exclu d’un déploiement FTTH en France".
Les plus pessimistes ne manqueront pas de relever la conclusion - en forme de mise en garde - qui stipule que "le déploiement du FTTH en dehors des zones très denses est une entreprise difficile mais désormais possible, à condition bien entendu de disposer des compétences et des moyens financiers nécessaires". Une collectivité locale bien informée en vaut deux !