Comme le remarque Pascal Lechevallier sur son blog Digital Home Revolution, le chiffre d'affaires de la VoD n'a progressé que de 15% par rapport à 2011. Une croissance trois à quatre fois moins rapide qu'en 2010 (+56%) et en 2011 (+44%).
Le fait est qu'aujourd'hui la vidéo à la demande ne compense plus le repli du des supports vidéos physiques. Non seulement les consommateurs achètent moins de DVD et de Blu-Ray, mais ils ne se tournent plus autant vers les catalogues de VoD essentiellement disponibles via leur fournisseur d'accès à Internet.
Pourquoi le marché de la vidéo à la demande ne suit-il pas une trajectoire identique à celui de la musique en ligne par exemple ? Les consommateurs seraient-ils plus enclin à écouter les MP3 plutôt qu'à regarder un programme délinéarisé ?
Malgré certaines similitudes (biens culturels numérisés, explosion des terminaux et des taux d'équipement...), la situation est pourtant bien différente. La musique en ligne a certes bénéficié de l'effet "iTunes", mais le secteur s'est adapté en proposant notamment des offres d'abondance via les services de streaming Deezer ou Spotify par exemple.
Qu'en est-il de la VoD ? Et bien justement, il manque de véritables offres illimitées forfaitaires favorisant l'utilisation récurrente de la vidéo à la demande. En France, de telles offres de SVOD (vidéo à la demande par abonnement) ont commencé à être commercialisées par Canal+ (Canalplay Infinity), FilmoTV (utilisé par Orange dans son offre Livebox Play) ou encore AB Groupe (Jook Vidéo). Néanmoins, la quantité (voire la qualité diront certains !) et la diversité des contenus ne sont pas encore au rendez-vous.
La donne pourrait néanmoins changer dans les prochains mois avec la probable arrivée de mastodontes du secteur tels que Netflix ou encore Amazon. D'ailleurs, même le Centre National du Cinéma se penche sur la question de l'avenir de la VoD en France. Le CNC vient ainsi de lancer un appel à projet de 12 millions d'euros portant sur le développement de nouveaux outils visant à :
- enrichir l'éditorialisation des offres françaises et européennes
- préparer une offre nationale de stockage numérique définitif (Cloud)
- améliorer les fonctionnalités de la VoD (recherche, recommandation, ergonomie...)
Enfin, la question de l'adoption de la vidéo à la demande est parallèlement liée à celle des prix et de la chronologie des médias. Bien des consommateurs jugent trop élevés les tarifs de la VoD. Il faut compter 4.99€ pour un film "récent" (Skyfall par exemple) et même encore plus pour avoir la version en haute définition...
Par ailleurs, si le délai de 4 mois est raisonnable entre la sortie au cinéma et la location en VoD, la situation est bien différente pour la VoD par abonnement où il faut attendre 3 ans ! Comment intéresser les consommateurs et les inciter à payer un forfait pour regarder des programmes qui passent déjà sur les chaînes TV ?