La guerre du streaming est sur le point de prendre une ampleur nouvelle. Alors que Netflix déroulait jusqu’ici sa stratégie de conquête internationale sans trop être inquiété par la concurrence, Amazon pourrait très rapidement faire de l’ombre à la star de la SVOD. Le service Prime Video viserait en effet une présence sur 200 pays avant la fin de l’année, contre 190 pour Netflix. Mais l’ambition du groupe de Jeff Bezos ne se résume pas à croquer les part de marché de son concurrent...
Une empreinte mondiale
C’est Jeremy Clarkson, ex-présentateur de l’emblématique émission automobile de la BBC Top Gear, qui a vendu la mèche. Sa nouvelle émission The Grand Tour, proposée par Amazon depuis le 18 novembre, « va être disponible dans 200 territoires », a-t-il indiqué sur Twitter. Premier signe tangible d’un déploiement mondial largement attendu, voir confirmé par l'entreprise pour certains marchés, mais dont aucun élément stratégique ou presque n’avait pour l’instant filtré. En attendant unn annonce officielle, on peut toutefois tenter de répondre à certaines questions : comment accédera-t-on à la plate-forme Amazon Prime Video ? A quel prix, et pour y voir quoi ?
Deux modes d’abonnement ?
Le service n’est pour l’heure accessible qu’aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Autriche et au Japon. Pour profiter de ses programmes en illimité, deux possibilités. Soit en service simple, comme Netflix, CanaPlay, ou, plus récemment OCS, pour l'équivalent de moins de 10 euros par mois. Soit dans le cadre d’un abonnement Prime (l’équivalent d’Amazon Premium en France), qui inclut une foule de services : livraison express gratuite, promos exclusives, musique et ebooks en illimité... Le tout moyennant 99 dollars aux Etats-Unis, 79 livres au Royaume-Uni, et 49 euros en Allemagne (jusqu’au 1er février où le prix passera à 69 euros). Si le service de vidéo à la demande en illimité débarque en France, il sera d’ailleurs intéressant de voir l’évolution du tarif, actuellement à 49€.
Le streaming : un fort pouvoir d’attraction
L’idée n’est donc pas simplement d’aller chercher Netflix sur un marché où il rencontre pour l’instant une concurrence relativement modeste. Il s’agit surtout pour Amazon de convaincre les utilisateurs de souscrire à son service Premium, une fidélisation synonyme de dépenses plus importantes pour les abonnés. Et pour ce faire, rien de mieux que la vidéo, l’un des domaines où l’entreprise perçoit un « important effet d’entraînement pour la clientèle ».
Reste à proposer les contenus qui sauront séduire les téléspectateurs. Et pour ce faire, Amazon est prêt à mettre la main au porte-monnaie. D’après le cabinet spécialisé Ampere Analysis, l’expansion massive à l’international telle qu’envisagée par Amazon Prime Video se chiffrerait à 4 à 5 milliards de dollars par an en terme de production de contenus et d'acquisition de droits pour alimenter la plateforme.
Amazon mieux armé pour réussir en France ?
Pour pouvoir rivaliser à l'international, la production de programmes originaux à portée mondiale est l'un des ressorts incontournables. Et la marque commence à se distinguer avec ses séries phares The Man in the High Castle, Transparent ou Mozart in the Jungle, et des nouveautés comme la série réalisée par Woody Allen Crisis in six scenes ou encore Goliath, avec Billy Bob Thornton. Mais le groupe de Seattle mise, en parallèle, sur une stratégie différente de celle de Netflix pour séduire le téléspectateur, basée sur la production de plus de contenus destinés à une audience nationale ou régionale. La firme jouit en outre d’une meilleure réputation auprès de l’industrie cinématographique hexagonale, grâce, notamment, à une approche plus ouverte que celle de Netflix sur le financement de la création.
Enfin, avantage non négligeable en France, elle propose également un service de paiement à l’acte (pay-per-view). Ce qui, en vertu de la chronologie des médias, lui permettra de se différencier de sa concurrente en proposant des films sortis en salle depuis seulement à quatre à six mois. Pas dans le cadre d’une offre de SVOD illimitée, certes, mais, même en offre payante, cela peut s’avérer plus séduisant que le délai de 36 mois auquel reste astreint Netflix...