Malgré une utilisation d’Internet en Algérie encore très loin d'être aussi poussée que sur notre territoire, la rupture d'un câble sous-marin au large d'Annaba (600 km à l'est d'Alger) jeudi dernier, a provoqué une perte massive des connexions à Internet sur tout le pays.
Le retard numérique de l'Algérie s'est révélé au final comme une 'bonne chose', la perte de 80% des capacités internet sur le pays n'ayant pas impacté de façon massive l'économie du pays. Ce sont surtout les internautes, avides de Facebook et YouTube (51% du trafic internet en Algérie !), qui ont été impactés. Le trafic avait été re-routé sur le câble d'Alger, mais sa capacité nettement plus faible a signifié jusqu’à mardi soir une connexion internet réduite à 20% de la capacité initiale du pays.
L'Algérie compte 10 millions d'abonnés à la 3G et deux millions à l'ADSL, sur une population de 40 millions d'habitants. Cependant, l'internet y est le premier moyen de divertissement dans un pays en manque de loisirs, cherchant à s’ouvrir sur l’international et cette dépendance du pays ace à ce genre d’aléas a suscité bien des réactions. L’Algérie dispose d'un seul câble le reliant à l'Europe au niveau de Marseille, d'une capacité de 425 Gigats octets (Go), mais utilisé à hauteur de 405 Go. Un autre câble de secours, d'une capacité de 80 Go, relie Alger à Palerme (Italie).
Le "Raymond Croze" à la rescousse
Pour réparer dans les plus brefs délais ce câble sectionné, Algérie Télécom a fait appel au savoir-faire français, en particulier d'Orange Marine, avec son navire câblier le Raymond Croze présent en mer Méditerranée. Construit en 1983, ce navire peut intervenir dans des conditions extrêmes, et effectuer ce genre de réparation.
Dans un premier temps, un robot a dû localiser les deux bouts sectionnés du câble, posé à 40 m de profondeur entre Marseille et Annaba, puis les remonter sur le navire, endommagés a priori sur une longueur d’une centaine de mètres. Y ont alors effectuées les réparations, puis replacer au fond de la mer, ce qui en tout a pris moins de 5 jours, avant un retour à la normale progressif depuis hier soir dans le pays.
Petit historique du câble SEA-ME-WE 4
Ce câble SEA-ME-WE 4 (signifiant en anglais South East Asia-Middle East-Western Europe 4 est un câble sous-marin de télécommunications en fibres optiques qui relie Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, le Bangladesh, l’Inde, le Sri Lanka, le Pakistan, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Italie, la Tunisie, l’Algérie et la France. Il fait dans les 20 000 km, assurant la liaison internet entre l’Asie du Sud-Est, le sous-continent indien, le Moyen-Orient et l’Europe.
Il a été développé par un consortium de seize entreprises de télécommunications qui se sont mis d’accord sur le projet de construction du câble sous-marin le 27 mars 2004. La construction du système de télécommunication a été l’œuvre d’Alcatel Submarine Networks (maintenant Alcatel-Lucent Submarine Networks, une filiale d’Alcatel-Lucent) et Fujitsu.
A priori, ce serait une ancre qui aurait été à l’origine de la rupture du câble, mais cet incident remet en cause la dépendance de connexion Internet du pays envers ce câble, représentant 80% du trafic internet possible de/vers l’Algérie. Un projet pour un troisième câble entre Oran (ouest de l’Algérie) et Palma de Majorque en Espagne a été lancé en 2009, mais sera mis en œuvre ne se fera qu’à partir de 2016...