Sur le terrain, cet accord n'aura pas de répercutions selon Vincent Grivet qui précise que "la cession est transparente pour les abonnés et les collectivités puisque HDRR continuera d’assurer un certain nombre de prestations techniques pour Bolloré Télécom". Le contrat prévoit en effet que les réseaux WiMax opérés par HDRR, ainsi que les projets de délégation impliquant Axione et LD Collectivités (tous deux partenaires de HDRR), soient entièrement maintenus et poursuivis.
"C'est notamment le cas dans le département de la Vienne où nous venons de finaliser la mise en service des 21 stations WiMax, un an jour pour jour après que HDRR ait remporté le marché du Conseil Général" souligne Vincent Grivet. Techniquement validé, le réseau WiMax de la Vienne est donc opérationnel à 100% et HDRR confirme fournir des offres de gros aux opérateurs locaux, tels que Numeo et bientôt InterPC.
Chez TDF, on ne parle pas d'un désengagement mais d'un "repositionnement sur le marché du WiMax". HDRR change de stratégie en passant du statut d'opérateur d'opérateurs à celui de prestataire technique, assumant des contrats de sous-traitance pour l'exploitation de réseaux WiMax.
Pour quelles raisons HDRR change-t-il de cap ? D'après Vincent Grivet, la structure du marché a changé depuis l'attribution des licences régionales WiMax en juillet 2006. La montée en puissance des délégations de service public (collectivités locales) a fragmenté le marché. Ainsi, bien que disposant de 11 licences couvrant 41 départements, "HDRR s'est finalement retrouvé avec la perspective de pouvoir seulement traiter une douzaine de départements en tant qu’opérateur, ce qui est insuffisant pour assurer la viabilité économique du modèle".
Se pose alors la question de la rentabilité sur un marché de niche qui concerne de 2 à 5% des foyers d'un département. Présenté comme l'alternative idéale à l'ADSL en zone blanche, le WiMax est aujourd'hui concurrencé par d'autres technologies comme le satellite bidirectionnel, ou encore le déploiement de NRA-ZO, et de sous-répartiteurs dégroupés comme le prévoit la Loi de Modernisation de l'Economie. Pour le responsable de TDF, les différentes technologies ne sont pas en compétition mais bien souvent complémentaires. Vincent Grivet estime qu'il s'agit avant tout d'un "savant dosage que les collectivités locales doivent concocter en tenant compte du cahier des charges qu'elles se sont fixées".
Du côté du déploiement, peu de chiffres précis circulent. L'ARCEP n'ayant pas encore officiellement communiqué à ce sujet, TDF reste donc flou sur le nombre de stations WiMax effectivement déployées par HDRR dans les 11 régions où il détient une licence. Vincent Grivet évoque tout de même "plusieurs centaines de stations et des abonnés qui se comptent désormais en milliers" sur les 8 plaques déjà commercialisées, gérées par HDRR pour elle-même ou pour le compte d'opérateurs tiers.
Après une période initiale marquée par "des difficultés techniques et une déception au niveau des performances", Vincent Grivet estime que les choses se sont normalisées. Aujourd'hui, HDRR vend des offres de gros permettant aux FAI de commercialiser des forfaits Internet jusqu'à 2Mbits/seconde. Et demain du 10Mbits ? "Techniquement, nous l'avons déjà testé". De la TV sur IP ? "Compte tenu de l'enrichissement des offres déjà présentes sur la TNT et le satellite, je ne vois pas à terme de service IPTV via le WiMax" déclare le responsable de TDF. Et le WiMax Mobile ? "En partenariat avec Motorola, les réseaux WiMax de HDRR sont conformes à la norme 802.16e mais sont aujourd'hui conçus pour répondre avant tout aux besoins de couverture haut débit fixe des zones blanches". Traduction : le WiMax Mobile n'est pas à l'ordre du jour puisque l'ARCEP ne l'autorise pas encore, et il est difficile de connaître précisément la stratégie de Bolloré Télécom (repreneur du réseau HDRR) dans ce domaine.