Quantité n'est pas qualité. Le marché du smartphone a certes progressé au printemps dernier (+ 4,3% au par rapport au 2e trimestre 2015), selon les chiffres livrés par l'institut spécialisé Gartner. Les consommateurs ont toutefois boudé le smartphone haut de gamme, préférant reporter leur achat jusqu'au lancement de nouveaux produits en fin d'année. Conséquence : le marché s'est surtout appuyé sur ses piliers les moins rémunérateurs.
Les ventes d'appareils ont reculé de près de 5% dans les marchés dits matures, plombés par l'Europe et l'Amérique du Nord. A contrario, dans les pays émergents, les ventes de smartphones s'envolaient de 10%. Une distribution géographique qui fait la part belle au low cost et au milieu de gamme. Ces résultats reflètent surtout la performance d'Apple, sans réelle nouveauté avant des lancements majeurs attendus au 2e semestre.
Avantage Samsung en attendant l'iPhone 7
Dans l'intervalle, le calendrier des sorties a permis à Samsung de creuser l'écart. Le fabricant coréen a profité du lancement de son Galaxy S7 pour faire la différence sur son rival américain au 2e trimestre. Avec plus de 76 millions d'appareils vendus, il affiche près de 10 points de part de marché de plus qu'Apple. La marque à la pomme voit quant à elle ses ventes reculer de 7,7% sur la période, avec un fort repli sur les marchés développés et en Chine. Parallèlement, les ventes d'Iphone dans les pays émergents explosaient de 95% ! La dernière version du smartphone d'Apple, l'IPhone 7, devrait toutefois sérieusement chambouler la tendance. Dans cette optique, une sortie en fin d'année serait évidemment la bienvenue. Réponse lors de la prochaine keynote d'Apple, annoncée au mois de septembre.
Huawei , Oppo, Xiaomi : les smartphones chinois en embuscade
En attendant, le succès du Galaxy S7 de Samsung permet à Android d'asseoir un peu plus sa domination : le système d'exploitation de Google monte à 86% de part de marché, contre 84% au 1er trimestre et 78% un an plus tôt. Mais les performances du Coréen n'expliquent pas à elles seules ce résultat : Android bénéficie aussi de la montée en puissance des fabricants chinois. Comme le remarquait Gartner lors de son précédent bilan, les « marques émergentes » chinoises tirent parti de la saturation du marché. Huawei, Oppo et Xiaomi, en particulier, viennent « perturber les modèles économiques, établis depuis longtemps par les marques existantes, afin d'accroître leur part de marché ». Positionnés sur le smartphone d'entrée et de milieu de gamme, ces fabricants tirent parti de la souplesse et de l'évolution rapide d'Android pour « rester à la pointe de la technologie », remarque encore Gartner. Et ainsi se poser en concurrents plus que sérieux pour les deux poids lourds du secteur, à la fois sur le prix ET les fonctionnalités...
Marché français du smartphone : des particularités
Dans l'Hexagone, ces marques n'ont pas encore percé, hormis Huawei, qui affichait en début d'année une part de marché de 5,1%, selon l'institut de recherche Kantar. Ce vide profite mécaniquement à Samsung, qui occupe 35,6%, et Apple, à 21,6%. Derrière eux, à 10,6%, on trouve toutefois des smartphones chinois, ceux de Tinno, le fabricant de la marque française Wiko.
On peut également s'appuyer sur la segmentation par système d'exploitation du « World Panel » de Kantar pour tenter d'analyser les dernières tendances. Premier enseignement : avec 75,5% du marché à fin juin contre 20,2% pour iOS, la domination d'Android est moins affirmée dans l'Hexagone qu'au niveau mondial. Rien de surprenant pour un marché mature, où l'on peut plus facilement se permettre l'acquisition d'un iPhone que dans les pays émergents ou en développement. Comparé aux Etats-Unis, à l'Australie ou à la Grande-Bretagne, où iOS s'arroge plus de 30% du marché, la pénétration des smartphones d'Apple en France reste toutefois relativement modeste.
L'effet Windows Phone
Autre constat, plus conjoncturel : la part de marché d'iOS s'est stabilisée depuis fin 2015/début 2016 aux alentours de 20%. Une nouveauté pour Apple, qui, depuis 2012, souffrait traditionnellement d'un coup de mou en milieu d'année. Le lancement de l'IPhone SE n'est sans doute pas étranger à cette résistance inédite. Mais celle-ci ne s'est pas construite au détriment des smartphones sous Android : le système d'exploitation de Google a, lui aussi, gagné 6 points de part de marché depuis le début de l'année. Explication : les deux OS ont surtout profité de l'effondrement du Windows Phone, passé de 10% à 4% de part de marché en moins d'un an !