A moins d'un report de dernière minute - qui n'est pas exclure au vu des pressions médiatiques et politiques exercées sur le dossier - le Conseil de Surveillance du groupe Vivendi décidera aujourd'hui qui de Bouygues ou de Numericable s'offrira SFR, le principal opérateur alternatif français.
Tout au long de la semaine, Martin Bouygues et Patrick Drahi (PDG du groupe Altice, la maison mère de Numericable), se sont affrontés par voie de presse et en multipliant les contacts avec les acteurs clé du secteur. Pour rassurer les autorités administratives et le Gouvernement, les deux candidats au rachat de SFR ont pris de nombreux engagements sur l'emploi et sur l'investissement.
Hier, Martin Bouygues a notamment écrit à Yves Rome, le président de l'AVICCA, pour lui confirmer sa volonté d'investir "400 millions d'euros par dans la fibre optique, soit bien plus que les sommes engagées par Bouygues et SFR réunis". Le patron de Bouygues s'est par ailleurs engagé à ce que le "nouvel ensemble consacre en moyenne 50 millions d'euros par an aux réseaux d’initiative publique" qui porte de nombreux projets de couverture dans les zones non denses. Selon La Tribune, Bouygues se serait aligné sur l'engagement de 50 millions que Numericable aurait pris avant hier dans une lettre à Fleur Pellerin, la ministre déléguée à l'Economie numérique.
Les deux candidats sont à couteaux tirés et rien n'est laissé au hasard. Bouygues et Numericable ont ainsi tous les deux relevé leur proposition de 800 millions d'euros . Bouygues verserait 11.3 milliards et accorderait 43% des actions à vivendi contre 11.75 milliards et 32% des actions pour Numericable.
Dans la presse, les "flingues de concours" sont sortis. Le ministre Arnaud Montebourg ne cache pas son soutien ouvert à la solution Bouygues et menace même sans nuance Patrick Drahi d'un contrôle fiscal ! Sur Europe 1, Arnaud Montebourg déclarait ainsi ce matin "nous aurons des questions fiscales à lui poser au sujet de ses holdings.
Même Xavier Niel, patron de Free et fervent supporter de Bouygues depuis peu, n'a pas ménagé ses efforts. Pour lui, le très haut-débit de Numericable ne serait que du "Canada Dry de fibre". Le créateur d'Iliad allant même jusqu'à annoncer 5000 licenciements en se basant sur la situation du cablo-opérateur israélien HOT tombé également dans l'escarcelle d'Altice.