A défaut de racheter SFR, le groupe Iliad a officiellement annoncé hier être entré en négociations exclusives avec Bouygues Télécom "en vue du rachat d’un portefeuille de fréquences 2G/3G/4G et du réseau de téléphonie mobile de Bouygues Télécom". L’acquisition des 15000 antennes mobiles de Bouygues n'interviendra en revanche que si ce dernier parvient à séduire Vivendi pour fusionner ses activités avec SFR.
En bénéficiant de l'appui de Free, Bouygues Télécom cherche à peser sur la décision de Vivendi tout en rassurant les autorités administratives et politiques. L'accord "historique" entre Free et Bouygues renforce en effet clairement le scénario d'une consolidation du secteur autour de 3 opérateurs.
Les négociations entamées par Bouygues et Free porteraient sur 1.8 milliard d'euros et permettraient à Free d'obtenir un réseau national "clé en main" et de nouvelles fréquences radio. Pour le groupe de Xavier Niel, les avantages sont considérables.
Grâce à cet accord, Free Mobile gagnerait énormément de temps et d'argent au final. Plutôt que de déployer difficilement des milliers d'antennes pendant plusieurs années, Free disposerait en quelques mois d'un réseau national capable de rivaliser avec ceux d'Orange et de SFR.
Par ailleurs, Bouygues revendrait également des fréquences 2G/3G/4G sans que l'on ne connaisse avec précision la nature des canaux concernés. Néanmoins, Free pourrait ainsi bénéficier de nouvelles ressources spectrales indispensables pour couvrir ses abonnés et augmenter les débits des connexions mobiles. On sait notamment que Bouygues a prévu d'agréger ses fréquences 800Mhz et 2600Mhz d'ici cet été pour déployer la norme LTE-Advanced et passer les débits maximums théoriques de la 4G de 115 à 190 Mbit/s.
L'accord Free/Bouygues serait, par ailleurs, une aubaine financière pour Free. Bien qu'1.8 milliard représente une somme colossale, l'investissement est très intéressant une fois comparé aux 600 millions d'euros que Free rétrocède à Orange dans le cadre de l'accord d’itinérance. Traduction : Free pourrait devenir propriétaire d'un réseau national pour le prix de 3 ans de location ! Malgré l'animosité entre Xavier Niel et Martin Bouygues, on comprend mieux pourquoi la direction de Free soutient avec virulence l'offre de rachat de SFR par Bouygues !