Sur le plan commercial, la situation d'Iliad au second trimestre 2010 est nettement plus délicate qu'au cours des trimestres précédents. Entre le 1er avril et le 30 juin dernier, la base d'abonnés d'Iliad n'a en effet progressé que de 10 000 clients.
Au-delà de ce modeste résultat, le plus grave est sans conteste le fait qu'en plus d'être plombé par Alice, Iliad n'a pas pu compter sur le traditionnel bon résultat de sa marque Free, malgré des efforts promotionnels conséquents avec une offre à 10€ pendant 12 mois (ventes privées).
Avec 27 000 aliciens en moins et seulement 37 000 freenautes en plus, le dynamisme du groupe Iliad s'est essoufflé. Avec 125 000 clients en plus (hors Alice) au premier semestre 2010, Free fait nettement moins bien qu'un an auparavant (+ 200 000 nouveaux clients).
La lecture du communiqué de presse d'Iliad se montre néanmoins rassurant en précisant que "les premières opérations de fidélisation ont permis d'amorcer une amélioration du taux de résiliation des abonnés Alice sur le 2ème trimestre 2010". Le processus de migration des abonnés Alice vers le réseau Free aurait donc permis à Iliad de limiter la casse.
Mais qu'est-ce qui explique le faible recrutement chez Free ? D'une manière ou d'une autre, soit l'offre Freebox a souffert de la concurrence (avec un taux de churn inchangé), soit le recrutement est resté stable mais le volume de résiliation aurait alors fortement augmenté. L'arrêt de l'extension du dégroupage ces 3 derniers mois et les problèmes de réseau recensés dans l'Aisne ou en Charente peuvent-ils expliquer en partie la situation ?
D'un point de vue strictement financier, le bilan de santé d'Iliad est en revanche impeccable. Le chiffre d'affaires consolidé du second trimestre est de 510 millions soit 5 millions de plus qu'au trimestre précédent. On retiendra essentiellement que c'est la première fois qu'Iliad franchit la barre symbolique du milliard au cours d'un semestre. Pour rappel, le groupe avait engrangé 960 millions d'euros sur la même période en 2009.
Cette croissance est à mettre sur le compte des résultats de Free qui compense l'effondrement de la base d'abonnés et de l'activité de la marque Alice rachetée en 2008. La comparaison des chiffres d'affaires trimestriels (juin 2009 et 2010) des deux marques du groupe Iliad est éloquente. Ainsi, quand celui d'Alice chute de 37 millions, celui de Free progresse à l'inverse de 87 millions.
Bien que le recrutement se tasse, la profitabilité d'Iliad n'est absolument pas remis en cause. Bien au contraire ! Le revenu moyen par abonné se maintient à 36.60€ comme au trimestre précédent. Iliad bénéficie ainsi plus que jamais du cercle vertueux du dégroupage (surtout en basculant les abonnés Alice sur son réseau). D'un côté, Iliad rémunère moins l'opérateur historique pour l'accès à la boucle locale, et de l'autre, les abonnés dégroupés consomment davantage de vidéos à la demande et de bouquets optionnels par le biais de la TV par ADSL.