La base d'abonnés recule invariablement depuis plusieurs années. Entre juin 2014 et juin 2015, le recul est de 117 000 tous services confondus sans que l'on puisse distinguer les bouquets Canal+ des abonnements Canalsat. Autant dire que le recrutement de nouveaux abonnés ne compense pas le volume de résiliations Canal+ / Canalsat. D'ailleurs, d'après les données publiées par Vivendi (maison mère du groupe Canal), le taux de résiliation est passé de 14.2 à 14.9% sur cette même période.
Pourquoi Canal+ et Canalsat souffrent-ils autant en France ? Plusieurs facteurs peuvent expliquer les difficultés du groupe sur le marché domestique de la TV payante. La première cause est sans aucun doute liée à concurrence qui fait rage avec les opérateurs télécom. Les décodeurs TV associés aux Box ADSL représentent aujourd'hui le principal mode de réception de la TV en France. Une situation qui incite Orange, Free, SFR et Bouygues à valoriser leurs propres bouquets TV - concurrents de ceux de Canal - pour augmenter le revenu moyen par abonné.
D'autres concurrents mettent la pression sur Canal+. Sur le marché du sport à la TV, BeIN Sports fait bien évidemment office d'épouvantail pour le groupe de Vincent Bolloré. Avec une offre moins chère (13€/mois) , sans engagement et dotée de nombreuses têtes d'affiche (Ligue 1, Champion's League...), BeIN Sports est un sérieux challenger. Sur le segment du cinéma et des séries, Canal+ est confronté d'une part à OCS (plus de 2 millions d'abonnés) et d'autre part à Netflix qui aurait séduit près de 700 000 abonnés depuis son lancement il y a tout juste une an.
Car Netflix ne concurrence pas uniquement Canalplay, le service de vidéos à la demande de Canal+ (SVOD). Il commence aussi à vampiriser la TV linéaire - gratuite comme payante - en attirant un public séduit par l'offre (et notamment les séries exclusives), le prix et le mode de consommation. Aux Etats-Unis, la cannibalisation de la TV à péage par Netflix prend ainsi des proportions inquiétantes pour les opérateurs de TV payante du câble par exemple.
Pour contrer Netflix, Canal+ développe sa plateforme Canalplay qui profite d'ailleurs de l'engouement pour la SVOD : son nombre d'abonnés est passé de 599 000 à 700 000 abonnés entre le 1er janvier et le 30 juin dernier. Mais, la réponse Canalplay ne sera pas suffisante si Netflix parvient à détourner les français d'un abonnement Canal+ à plusieurs dizaines d'euros par mois. Pour justifier son offre haut de gamme, Canal+ a donc besoin de se repositionner avec des programmes "premium" aussi bien sur le sport que sur le cinéma, les séries (avec les créations originales telles que les Revenants) ou encore le divertissement (les guignols de l'info).