Bien évidemment, au premier rang des soutiens de la loi "Création & Internet", on retrouve la plupart des députés et des sénateurs de la majorité présidentielle. Tous les élus n'ont pourtant pas suivi le projet porté par le Président de la République, et par son ministre de la Culture, Christine Albanel. Le député de Haute-Savoie, Lionel Tardy (UMP) et son homologue du Lot-et-Garonne, Jean Dionis (Nouveau Centre), ont notamment nagé à contre-courant.
Ce dernier - à l'origine de l'amendement évitant la "double peine" - déclare sur son blog que la mesure "est symboliquement inacceptable pour la très grande partie des internautes qui la ressentiront comme une véritable provocation [...] elle ne manquera pas d'être une source de contentieux nombreux et durables".
Du côté de l'opposition, le député Patrick Bloche a défendu sans succès son amendement prônant une "contribution collective" (le retour de la licence globale en somme). Christian Paul, député PS de la Nièvre a quant à lui dénoncé l'atteinte aux libertés que constituerait une surveillance massive du réseau. Plus malicieux, son collègue Jean-Pierre Brard appelait ironiquement les internautes à envoyer massivement des courriels à Mme La Ministre (christine.albanel@culture.gouv.fr) ! Rappelons néanmoins que les sénateurs PS avaient voté le texte en novembre 2008...
La loi HADOPI révèle encore plus le clivage qui existe entre les différents artistes, qu'ils soient issus du monde du cinéma ou de la musique. L'année dernière, 31 cinéastes (dont Jean-Jacques Annaud ou Claude Lelouch) avaient apporté leur soutien au texte. Parmi eux, le réalisateur Luc Besson avait alors dénonçé "500 000 vols caractérisés par jour" (NDLR : 500 000 films seraient quotidiennement téléchargés illégalement en France).
52 chanteurs, parmi lesquels Raphaël, Renan Luce, Diam's, Renaud, Johnny Hallyday, Alain Souchon, Etienne Daho, Jean-Jacques Goldman ou encore Francs Cabrel, ont aussi manifesté leur inquiétude face au "piratage" et soutenu l'action de Christine Albanel. Même le manager du groupe U2 suit le dossier de près. Dans Le Figaro, Paul Mc Guinness déclare en effet que "le gouvernement français devrait être félicité car il propose une loi qui est une solution efficace pour résoudre le piratage en ligne.
A l'opposé, d'autres artistes comme Catherine Deneuve ou Victoria Abril se sont élevés contre la loi Création et Internet, jugée purement répressive, et appellent à un changement des mentalités. Dans une lettre ouverte parue dans Libération, ils estiment que "le gouvernement français s'obstine à voir dans les utilisateurs, dans les spectateurs, des enfants immatures à l'origine de tous les maux de l'industrie cinématograhique".
Si plusieurs institutions officielles comme le Parlement Européen, la CNIL et l'ARCEP, relayés par des associations de consommateurs comme l'UFC Que Choisir, se sont déjà montrés critiques (ou tout du moins circonspects), d'autres organismes représentant l'industrie culturelle n'ont pas manqué d'appuyer la loi Création & Internet. Les majors, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) et la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) se révelant être de fervents partisans d'HADOPI. Jacques Attali évoquant pour sa part une "alliance absurde de quelques entreprises, quelques artistes et quelques politiques".
Sur le web, la polémique s'est traduite par une guerre de l'information. De nombreux blogs et sites se sont mobilisés face au projet de loi HADOPI. Citons notamment la Quadrature du Net, la pétition du magazine SVM, ou encore PC INpact. Une manière de contrer l'initiative du ministère de la Culture qui a mis en ligne le site jaimelesartistes...