40% de Français en difficulté numérique : c’est l’un des chiffres saillants issus de l’étude réalisée par CapGemini Consulting pour les associations Emmaüs Connect et WeTechCare, dévoilée hier à Bordeaux. L’occasion pour le secrétaire d’Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, d’en dire plus sur la stratégie du gouvernement pour s’attaquer à cet autre aspect de la fracture numérique. Qui n’est pas seulement liée à l’absence de couverture fixe ou mobile, mais aussi aux compétences face à un ordinateur et à Internet.
13 millions de Français éloignés du numérique
L’étude présentée hier recense ainsi 13 millions de Français en difficulté face aux nouveaux univers numériques. Parce qu’ils ne peuvent y accéder (couverture, matériel), mais aussi parce qu’ils ne s’estiment pas suffisamment compétents.
Un enjeu majeur, également mis en évidence il y a quelques jours dans le baromètre du Numérique, alors qu'Internet s’infuse dans tous les aspects de la vie quotidienne. Qu’il s’agisse des loisirs, de l’entreprise et de l’emploi ou encore de l’administration, où toutes les démarches devront être dématérialisées d’ici à 2022.
Identifier, organiser, financer
Pour parer à cette « urgence », le gouvernement met donc sur pied « une stratégie national d'inclusion numérique », dont Mounir Mahjoubi a détaillé hier l'articulation. Plusieurs groupes de travail composés d’élus, de représentants associatifs et d’organismes sociaux se sont vu confier différentes missions d’ici à mars 2018.
Ces groupes seront chargés de repérer les situations d’exclusions numériques, de « structurer les réseaux des lieux de médiation et de formation », de recenser les stratégies existantes et d’en dresser un blian, et enfin d’examiner les questions de financement. L’objectif est qu’au deuxième trimestre 2018, ces travaux servent aux acteurs locaux pour qu'ils puissent à leur tour « construire ensemble la solution la plus pertinente » pour leurs territoires.
Une date mais pas encore de fonds
Horizon esquissé par Mounir Mahjoubi : voir « à la rentrée (2018) un plan directement prêt à être déployé » dans tous les départements. Il sera alors temps, a indiqué le secrétaire d’Etat, de parler financements, sur la base des besoins identifiés.
De son côté, la simulation réalisée par WeTechCare/Emmaüs avance le chiffre de 1 milliard d’euros sur sept ans. Un engagement conséquent, mais dont les retombées pourraient se concrétiser rapidement grâce aux gains liés à la dématérialisation, selon l’étude. Celle-ci anticipe ainsi un retour sur investissement positif pour l'Etat en l’espace de 4 ans, et deux euros gagnés pour un euro investi au bout de sept ans. Un argument visant à contrer l'« idée reçue » selon laquelle « former tous les Français au numérique coûterait trop cher ».