Le prix d’achat de 100% du capital de Jazztel s’élèverait à 3,4 milliards d’euros selon Orange, qui rappelle que "cette opération générerait des synergies globales pour l’ensemble combiné estimées à 1,3 milliard d’euros, notamment grâce aux économies réalisées dans les coûts opérationnels et les investissements réseaux".
Qui est Jazztel ?
Jazztel est le quatrième opérateur espagnol. Fondé en 1998, Jazztel s'est développé sur le marché de l'Internet fixe en développant son propre réseau fixe (dégroupage ADSL et fibre optique jusqu'au domicile) et en signant un accord de "full MVNO" avec Orange pour louer son réseau 3G/4G.
Jazztel compte 1.5 million d'abonnés ADSL et 1.4 million de clients mobiles. Il dispose d'un parc de 1090 centraux téléphoniques dégroupés regroupant près de 80% des lignes téléphoniques du pays (Telefonica est l'opérateur historique propriétaire du réseau RTC). Jazztel couvre également 2.2 millions de foyers en fibre optique et table sur un objectif de 3 millions d'ici la fin de l'année.
Peu endetté, Jazztel fait office de "trublion" avec des prix agressifs et une stratégie convergente orientée sur les offres multiservices (Internet+fixe+mobile+TV).
Pourquoi Orange veut-il s'offrir Jazztel ?
En choisissant la croissance externe, Orange/Jazztel deviendrait le second opérateur fixe d'Espagne derrière Telefonica. Orange compte actuellement 1.9 million d'abonnés ADSL et 12.4 millions de clients mobiles (hors mvno). A la vue de ces chiffres, on comprend bien qu'Orange cherche avant tout à se repositionner sur le marché du fixe où Jazztel et Orange sont actuellement au coude à coude.
Au-delà de la concurrence au coeur de péninsule ibérique, Orange cherche surtout à se renforcer globalement Europe. Après avoir cédé ses filiales suisse et autrichienne, Orange cible l'Espagne où il est déjà implanté et renforce donc sa présence en Europe où il est présent en France, en Pologne, et au Royaume-Uni (via EE).
Conscient que la consolidation des télécoms est inéluctable, Orange se prépare au choc qui opposera à terme les 5 plus gros opérateurs du continent : Orange, Telefonica, Telecom Italia, Deustche Telekom et Vodafone. Les luttes d'influence sont d'ores et déjà démarré. Récemment, Telefonica est entré en négociation exclusive avec Vivendi pour acquérir l’opérateur brésilien GVT... et souhaite au passage se désengager de ses parts au sein de Telecom Italia une fois qu'il aura bouclé le rachat de GVT !
Du côté de Deutsche Telekom, le géant allemand reste en embuscade et pourrait profiter d'un bas de laine conséquent dès qu'il aura achevé la cession de T-Mobile, sa filiale américaine convoitée notamment par Iliad et par l'opérateur américain Dish TV.
Enfin, l'opérateur britannique Vodafone n'a toujours pas (beaucoup) puisé dans son trésor de guerre obtenu suite à la vente de ses parts à l’américain Verizon (130 milliards de $). Après le rachat de Kable Deustschland en 2013, Vodafone serait intéressé par le cablo-opérateur Liberty Global implanté dans 12 pays européens (Virgin Media, UPC, Telenet...).