Les laboratoires de recherche d'Alcatel-Lucent - les célèbres Bell Labs - ont enregistré des vitesses de descendantes de 300 mégabits par seconde sur des distances allant jusqu'à 400 mètres. Sur une distance plus signifiante d'un kilomètre, Alcatel serait même parvenu à dépasser le 100Mbits !
Alors que les meilleures connexions ADSL2+ - les internautes habitant alors en face du central téléphonique - plafonnent à 22 Mbits/seconde (norme IP), quel est le secret d'Alcatel pour annoncer des débits 15 fois plus rapides ? Dans son communiqué de presse, Alcatel présente sa technologie "mode fantôme DSL" qui "a pour propriété principale de créer un canal virtuel qui remplace les deux câbles cuivre normalement utilisés dans la configuration standard des lignes de transmission".
Associé aux techniques de vectorisation (élimination des interférences entre les câbles) et de fusion (agrégation de lignes individuelles), le mode fantôme DSL vise donc à décupler les capacités des boucles locales en cuivre largement déployées dans les pays développées comme la France notamment. A l'heure où les opérateurs et les pouvoirs publics ne pensent qu'à la fibre optique, l'ADSL n'a pas peut-être pas encore encore tiré sa révérence.
En quoi l'ADSL boosté serait-il intéressant ? L'intérêt du mode fantôme DSL est de proposer à court terme une alternative à la fibre optique aux internautes situés en zone non dense. La technologie d'Alcatel-Lucent serait, à ce titre, un moyen de réduire considérablement la fracture des débits et des services qui ne manquera pas d'opposer les villes des campagnes.
Gee Rittenhouse, responsable de la recherche aux Bell Labs estime que "le mode fantôme DSL est une avancée capitale car il combine des technologies de pointe et un modèle économique très avantageux qui donnera aux FAI des opportunités commerciales entièrement nouvelles, leur permettant en particulier d’offrir les tout derniers services IP à partir des infrastructures existantes".
Qu'ils soient financiers, juridiques ou techniques, les obstacles ralentissent considérablement le passage à la fibre optique qui ne ne substituera pas à l'ADSL avant 10 ou 20 ans. En revanche, les besoins en bande passante décuplés par les nouveaux services des opérateurs (TVHD, VoD, TV 3D bientôt, multi-TV...) continuent rapidement de progresser. Se présente donc une situation kafkaïenne où la montée en débit est primordiale mais actuellement impossible faute de réseaux suffisants.
Ce n'est pas la première fois que l'optimisation de la boucle locale cuivre est présentée comme le chaînon manquant entre l'ADSL et le FTTx. En 2007, on a beaucoup entendu parler du Dynamic Spectrum Management (DSM) censé doubler voire tripler les débits ADSL en évitant les interférences sur les lignes téléphoniques. A cette époque, certains opérateurs et équipementiers s'intéressaient aussi au FTTC (Fibre jusqu'au sous-répartiteur) couplé au VDSL2 capable de gérer des débits supérieurs à 100Mbits sur des lignes téléphoniques sur une distance inférieur à 1000 mètres.