Les voyageurs en rêvaient, la SNCF l’a enfin fait : une connexion en wi-fi gratuite pour tous dans les TGV, inaugurée ce matin par le patron du groupe, Guillaume Pépy. Au-delà de l’accès facilité à Internet - avec modération - la société de transport mise sur cette innovation pour déployer une palette de services et améliorer la communication avec ses usagers. Pour ce faire, elle a finalement opté pour une technologie de réception en 4G, moyennant un chantier conséquent aux abords des voies et dans ses rames.
Le wi-fi à bord, un serpent de mer
Se connecter à Internet en train sur son smartphone ou sa tablette, tout le monde a essayé, peu ont persévéré plus de cinq minutes. Dans le TGV, en particulier, le déplacement à 300 km/h implique un changement constant de bornes 3G/4G peu propice à un surf stable à haut débit. La SNCF était interpellée depuis des années sur ce point, notamment de manière remarquée par la secrétaire d’Etat au numérique Axelle Lemaire en 2014.
Toc toc toc, la SNCF : on peut se voir pour discuter wifi dans le train?
Merci d'avance! ;-)— Axelle Lemaire (@axellelemaire) 17 octobre 2014
Difficile à mettre en œuvre, objet de plusieurs expérimentations peu concluantes, le surf sur les rails se concrétise enfin sous la forme d’une solution qui « enrichit l’expérience de voyage » de sa clientèle : le « service de connexion Internet gratuit à bord » TGV Connect. Disponible à partir du 15 décembre sur le Paris-Lyon, le dispositif sera étendu aux Paris-Bordeaux, Paris-Marseille et Paris-Rennes à la mi-2017. Et d'ici à la fin de l'année prochaine, 80% des usagers du TGV pourront profiter du wi-fi à bord, promet l'entreprise.
#DigitalSNCF Pierre Louette et Guillaume Pepy inaugurent le déploiement du wifi/4G dans le TGV Paris Lyon pic.twitter.com/feirqGqc1K
— SNCF Digital (@SNCF_Digital) 13 décembre 2016
Internet en train oui, mais pas n’importe comment
Un souhait formulé par 80% des usagers, désireux de rester connectés dans le train avant tout pour des usages de communication comme la consultation des courriers électroniques ou les échanges sur les médias sociaux. Le service proposé par la SNCF devrait ainsi permettre de satisfaire les besoins de mails et les envies de posts, dans certaines limites toutefois : sur un Paris-Lyon, l’entreprise promet à ses clients qu’ils pourront passer « plus d’une heure sur les réseaux sociaux » et « envoyer 60 mails accompagnés de pièces jointe ».
Soit un volume relativement restreint, probablement quelques centaines de Mo, qu’il sera possible de « suivre et maîtriser à tout moment [...] grâce à une jauge indicative ». Car fair-use il y aura, une politique d'utilisation équitable indispensable pour permettre à tous les voyageurs de profiter de la même qualité de service. Pas question, donc, de profiter de ces deux heures pour se gaver de séries en streaming, du moins pour l'instant.
« Un vrai défi industriel »
En effet, tout l’enjeu du projet était de fournir aux usagers non seulement une connexion stable, mais aussi une bande passante suffisante pour absorber le volume de consommation de plusieurs centaines de TGVnautes. Après l’expérimentation peu concluante de la technologie satellitaire sur les Thalys et TGV Est, une nouvelle approche a été adoptée.
D’ici à la fin de l’année, ce sont donc 300 rames qui seront équipées de relais wi-fi connectés en fibre optique pour distribuer le signal reçu par une soixantaine d’antennes. Celles-ci capteront elles-mêmes les signaux 3G/4G émis par les relais implantés tout au long du parcours : afin d’assurer une couverture stable, pas moins de 103 pylônes supplémentaires ont dû être installés pour le seul Paris-Lyon, en partenariat avec Orange et l’Arcep pour la signature des conventions.
Communication et services augmentés
Un vaste chantier, donc, mais le jeu en vaut sans doute la chandelle. La possibilité d’offrir le maintien de la connexion durant un trajet constitue en soi un véritable atout commercial pour les sociétés de transports, alors que l’usager se double de plus en plus d’un internaute à plein temps.
Mais la SNCF compte également sur TGV Connect pour développer son offre de services à bord (restauration, réservation de véhicules ou de taxis) et améliorer sa relation à l’usager, en lui proposant une information en temps réel sur son trajet (gares, horaires, vitesse), ou en lui donnant l’opportunité d’interagir avec ses services « via deux fils Twitter ». Une manière de reprendre à son compte une plate-forme à laquelle les usagers ont déjà largement recours pour signaler retards, perturbations et autres petits désagréments...