A la suite de rumeurs de presse, Iliad a bousculé son calendrier ce matin pour confirmer par communiqué son intérêt pour T-Mobile US. La maison-mère de Free annonce que son offre de reprise concernerait 56.6% du 4ème opérateur américain pour un montant de 15 milliards de dollars.
Pourquoi Iliad et Xavier Niel souhaite-t-il investir aux USA ? Plusieurs raisons peuvent expliquer cette "nouvelle" stratégie. La première est bien entendu économique. La perspective de racheter T-Mobile US et ses 50 millions d'abonnés est d’autant plus alléchante pour Iliad que le marché américain est à la fois vaste et rentable.
Si T-Mobile est deux fois plus petit que ses concurrents AT&T et Verizon (environ 100 millions d'abonnés chacun), il compte en revanche presque autant de clients que Sprint, le 3ème opérateur américain, qui a lui-même déposé une offre de rachat de 32 milliards de dollars il y a quelques semaines.
En exportant le modèle de Free aux Etats-Unis, Iliad espère casser les codes d'un marché où les marges sont très importantes grâce à des factures moyennes particulièrement élevées (de l'ordre de 100$). La stratégie du "trublion" - qui consisterait à imposer un nouveau rapport prix/services - pourrait séduire les internautes américains et créer de la valeur à l’échelle du groupe.
L'autre raison de l'intérêt de Xavier Niel pour les USA est stratégique. En s'attaquant au marché américain, Iliad fait savoir au monde entier qu'il a les moyens de ses ambitions et qu'il souhaite se développer à l'international. Epaulé par des partenaires prestigieux (on retrouve la banque Lazard et donc Mathieu Pigasse), Iliad veut changer de dimension et trouver de nouvelles ressources en dehors de l'Hexagone. Rappelons que Xavier Niel détient par exemple 30% de l'opérateur israélien Golan Telecom, fondé par l'ancien directeur général d'Iliad, Mickaël Boukobza.
Enfin, n'oublions pas que l'annonce d'Iliad est un formidable coup de publicité quel que soit le résultat de l'offre de rachat. Les médias internationaux vont s'intéresser de près à cette entreprise "frenchy" qui veut absorber un opérateur beaucoup plus gros que lui. Alors qu'Orange et Vivendi vendent des actifs, tels que Orange Dominicana et Orange Autriche ou encore SFR et Maroc Télécom, Iliad prend le contre-pied de ses concurrents.
Néanmoins, l'intérêt d'Iliad pour l'international semble perturber les investisseurs. Suite à l'annonce de l'offre de rachat sur T-Mobile, l'action Iliad décrochait ainsi de 9% ce matin à la Bourse de Paris. Une baisse que l'on retrouve également chez les autres opérateurs français, signe que les investisseurs craignent qu'Iliad préfère T-Mobile USA à une éventuelle opération de consolidation du marché français via Bouygues.