Les objectifs sont bien prêts d'être atteints, les obstacles législatifs ayant été tous écartés de la voie suivie : la création d'une Haute Autorité pour la Diffusion des Oeuvres et la Protection des droits sur Internet, HADOPI.
Le sujet a déjà été largement discuté lors de sa préparation et de la mission Olivennes, où les conclusions étaient données à la presse avant même certaines consultations, urgence oblige. Il avait été également remis au goût du jour lors de son passage contesté comme projet de loi, mi 2008, mobilisant une poignée d'artistes et des milliers de détracteurs.
Même si l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont fait machine arrière dans leurs propres projets de coercition numérique, la grandeur de la France veut que l'on avance. Après tout, notre pays a inventé le copyright, le camembert et la guillotine...
Puisque ce que les Français attendent, c'est "quelqu'un sur le bateau qui est un capitaine et qui maintient le cap quels que soient les vents forts ou contraires", pour reprendre les mots du conseiller social de Nicolas Sarkozy, des écueils passagers ne devraient pas poser de difficultés.
On pourra donc oublier le prix à payer par les FAI pour permettre la mise en place des mesures anti-pirates préconisées... quelques broutilles de dizaines de millions d'euros, selon les intéressés.
Ajoutons à cela les millions d'euros de frais pour les recommandés, les salaires des agents et les frais de justice...
Et l'on pourrait presque se demander si donner tout cet argent directement aux artistes n'aurait pas été plus efficace...
Après tout, la SACEM ne collecte que 750 millions d'euros l'an...
En plus d'être très peu efficace économiquement de par son coût prévisible de dimensions pharaoniques, ce projet de loi déjà liberticide devrait être complété par d'autres charmantes attentions.
Une idée géniale entre alors en scène, pour combler l'une des principales failles du système actuel, trop anonyme pour permettre une surveillance individualisée des internautes, une idée exceptionnelle de vision, d'un subtil raffinement et délicieusement rétrograde : la liste blanche pour les accès WiFi publics !
Le rédacteur se permet de porter à l'attention de Madame la Ministre qu'il n'est pas forcément besoin de dépenser de l'argent public supplémentaire pour créer la liste blanche qu'elle a appelé de ses voeux pour répondre au problème de sécurisation des accès publics. Peut-être existe-t-il d'ores et déjà des solutions sur le marché.
Le rédacteur, pour sa part, connaît un site répondant en tous points aux besoins qu'elle a évoqué :
Takatrouver.net est un excellent portail, utilisé massivement lors de missions d'enseignement public dans le cadre du B2i, et qui correspond à la plupart des besoins d'information auquels était, au départ, voué Internet, avant d'avoir été dévoyé vers des tâches bien moins louables...
Et puis, une telle mesure serait une belle pierre dans les jardins connectés et branchés en WiFi du Paris de Bertrand Delanoë, entre autres, histoire de bien ruiner et délégitimer l'importance des efforts consentis par tous ces élus locaux, aveuglés dans leurs rêves d'un accès gratuit, anonyme et universel à Internet...
Petits cafetiers comme propriétaires de fast-foods ou hôtels, tous devront jeter un coup d'oeil expert à leur réseau, pour... ne pas avoir à subir les inconvénients de laisser libres leurs clients. Cette loi pourrait bien aider à booster le secteur IT, comme l'a été, en son temps, le bug de l'an 2000. Aucune valeur ajoutée, mais une mesure bien coûteuse, qui aura comme effet secondaire "inattendu" de déplaire au client, pas forcément ravi d'être espionné ou d'être soumis à ce véritable petit "contrôle parental pour adultes" que représente une liste blanche.