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Free crée la polémique en filtrant la publicité en ligne

Depuis hier, Free bloque par défaut les publicités en ligne lorsque les freenautes naviguent sur le web via leur Freebox Révolution.L'équipe technique de Free a annoncé hier après-midi une mise à jour de la Freebox Révolution. Estampillée 1.1.9, cette nouvelle mouture du micro-logiciel du modem Free Server, corrige quelques bugs mineurs et ajoute une nouvelle option permettant de bloquer les publicités sur les sites web visités par les freenautes.

Free crée la polémique en filtrant la publicité en ligne
François Le Gall - publié le 04/01/2013 à 15h41

Avec le service "adblocker", Xavier Niel sème le trouble en jetant un pavé dans la mare. D'un côté, l'opérateur prive les éditeurs de sites web (et les régies publicitaires) d'une source de revenus en masquant de facto les annonces aux yeux des freenautes. Et de l'autre, Free crée une vive polémique liée à la neutralité du web.

Blocage Publicité Freebox Révolution - Adgate
Comme le montre la capture d'écran ci-dessus, la fonction "blocage de publicité" est actuellement en test et est activée par défaut. Lors de la mise à jour du modem, elle fonctionne automatiquement sans intervention de l'internaute. Les freenautes qui le souhaitent peuvent néanmoins la désactiver en se rendant sur leur interface de gestion "mafreebox.freebox.fr" puis dans le menu Connexion Internet / Configuration / Blocage de la publicité.

Pourquoi Free développe-t-il son propre service antipub alors qu'il en existe déjà sous la forme de logiciels ou de plugins pour les navigateurs ? Pourquoi Free active-t-il d'office ce service alors que d'autres, comme le contrôle parental, ne le sont justement pas ?

Bref, pourquoi ? Certains analystes y voient une réponse musclée de Xavier Niel à Google. En filtrant les adresses IP des régies publicitaires - et en particulier celles de Google - Free rappelle au géant américain que sa richesse est (en partie) générée grâce aux réseaux des fournisseurs d'accès.

Alors que Free est sous la pression de l'opinion (abonnés mécontents, UFC Que Choisir) et des autorités (enquête de l'ARCEP...), et que Google refuse de payer pour augmenter les capacités d'inter-connexion (lire la synthèse éclairée de notre confrère IT-Circle), Xavier Niel cherche, semble-t-il, d'autres moyens de pression face au géant américain.

Mais comme le souligne Alain Bazot "les internautes ne doivent plus être pris en otage par les disputes entre opérateurs et sites internet". Le président de l'UFC Que Choisir estime également que "sous des airs séduisants, le blocage par défaut de la publicité revient ni plus ni moins à ce que l’opérateur choisisse ce que l’abonné peut/doit voir". Et là, ce n'est plus la question de la publicité qui est au coeur de la polémique #adgate - comme elle est baptisé sur twitter - mais bel et bien celle de la neutralité du Net.

Pour le Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (SPIIL), "aucun FAI n'a le droit de décider à la place des citoyens ce à quoi ils ont ou non accès sur Internet". Numerama estime qu'il faut regarder la décision de Free comme un précédent démocratique incroyablement dangereux". Guillaume Champeau, son rédacteur en chef, illustre d'ailleurs ses craintes avec un article-fiction visant à rappeler la menace que représente le filtrage sur Internet.

De son côté, Benjamin Bayart ne voit pas à "strictement parler d'atteinte à la neutralité du web". Mais le président du fournisseur d'accès FDN ne mâche néanmoins pas ses mots en déclarant que "si c'est fait pour faire plier Google dans une négociation en cours sur le financement des interconnexions privées, c'est tout simplement du racket".

Le blocage de la publicité par Free pose enfin un problème, difficilement mesurable aujourd'hui mais potentiellement ravageur, à savoir la remise en cause du modèle économique des sites Internet en accès gratuit. Comme le rappelle Freenews, le site communautaire d'information dédié à Free entre autres - "sans publicité pour nous financer nous n'existerons plus".

Contrairement à des sites de presse tels que Mediapart qui nécessitent un abonnement mensuel, la grande majorité des éditeurs mise sur la publicité en ligne pour payer les factures induites par leurs activités en ligne (salaires, serveurs...). Une analyse partagée par le cabinet de Fleur Péllerin, ministre déléguée à l'Economie Numérique qui estime que c'est tout le modèle économique des sites internet gratuits reposant sur la publicité qui serait potentiellement affecté.

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