Plus de création tricolore et un espace de diffusion repensé. Voici résumé en quelques mots le grand plan esquissé hier par France Télévisions. Fraîchement doté d’un nouveau Contrat d’Objectifs et de Moyens signé avec l’Etat, le groupe entend « faire rayonner la création en France et à l’étranger » grâce à des investissements massifs. Mais il compte aussi se doter d’un outil de diffusion numérique adapté à l’époque, avec une plate-forme repensée capable d’accueillir toutes les pratiques : replay, VàD et SVOD.
Nouvelles fictions et nouvelles cases
420 millions d’euros : c’est le montant total des investissements prévus chaque année entre 2017 et 2020 par le groupe dirigé par Delphine Ernotte pour faire face à sa « responsabilité directe » : « faire rayonner les œuvres françaises ». Soit une légère augmentation de l’enveloppe actuelle (400 millions d’euros), que l’entreprise s’efforcera de faire fructifier dans tous les domaines de la création : documentaire, animation, spectacle vivant... et bien sûr fiction.
Un domaine où « la France ne saurait rester en retard au regard des grands pays européens quant au volume de production », souligne le communiqué. France TV entend ainsi réserver de nouveaux espaces pour ce type de programmes, avec un prime time renforcé et des « écritures plus audacieuses » pour la deuxième partie de soirée, une nouvelle offre de comédies familiales le week-end et un nouveau feuilleton quotidien « en pleine immersion dans la société » en janvier 2018. Il s'agira aussi de faire connaître le savoir-faire français à l’international, grâce au lancement cette année de « coproductions internationales d’origine française ».
Une plate-forme pour remplacer Pluzz au printemps
Après 7 années de bons et loyaux services, l’offre de replay et vidéo à la demande du service public va connaître une mue. Refonte intégrale et nouveau nom sont annoncés pour cette plate-forme qui verra le jour le 2 mai prochain. Au menu : « une meilleure ergonomie et un parcours simplifié avec un plus grand nombre de contenus ». Et toujours une disponibilité multi-écrans : des mobiles aux box Internet en passant par les tablettes et les ordinateurs.
Quel catalogue SVOD pour France Télévisions ?
Le nouveau service proposera toujours du direct, du replay et de la vidéo à l’acte. Mais il s’enrichira à l’automne prochain d’une offre de vidéos par abonnement, à l’instar des Netflix, OCS, CanalPlay et depuis peu Amazon. Côté contenus, on n’imagine que l’ambition de cette offre ne sera pas de rivaliser avec les géants du secteur. Au regard des dizaines de millions de dollars ou d’euros engloutis par certaines productions à succès, le groupe ne pourra guère se permettre d’alimenter un catalogue de même envergure. Pour l’heure, il indique juste que des accords sont en discussion avec une dizaine de producteurs et distributeurs pour alimenter l’offre en « œuvres françaises », à laquelle elle consacrera « une très large place ».
Un vivier de programmes à exploiter
On parle bien ici de fiction. Mais la SVOD pourrait aussi permettre à la chaîne de rationnaliser l’exploitation d’un catalogue de programmes conséquent, aujourd’hui disponible de façon plus qu’aléatoire sur PluzzVàD. Si l'on peut facilement s'y procurer des programmes à succès actuels comme CASH Investigation, certaines émissions plus anciennes sont parfois plus faciles à trouver sur Youtube. Ce dans un cadre plus ou moins maîtrisé. Des titres très populaires comme C’est pas Sorcier, J’irai dormir chez vous ou Faites entrer l’accusé disposent certes de leurs propres chaînes, qui cohabitent avec une offre non légale.
Pour d’autres programmes (Complément d’Enquête, La Maison France 5...) et surtout de très nombreux documentaires, le champ est même laissé complètement libre aux vidéos rediffusées par des particuliers, voire des entreprises. Nul doute que France Télévisions gagnerait à les intégrer dans son catalogue SVOD pour en maîtriser la distribution, tout en bâtissant une offre plus lisible et plus attractive encore...