Financièrement, il s'agit du meilleur trimestre de Bouygues Telecom depuis plus de quatre ans. Avec 71 millions d’euros de bénéfice opérationnel, et un redressement spectaculaire de sa marge d’exploitation à 6,2%, quand elle était chroniquement négative depuis des années, la division telecom du groupe Bouygues ferait presque oublier l’enchaînement d’exercices dans le rouge.
Le marché des Bbox s’essoufle
Pour assainir ses comptes, Bouygues est notamment allé piocher du côté de ses abonnements Internet. L’ajout, en avril, de frais de location sur les box, ainsi que la hausse du forfait Miami lui ont ainsi permis d’améliorer sensiblement son revenu moyen par abonné fixe, tombé à 27,7 euros au 1er trimestre, et ainsi ramené à 28,3 euros.
Revers de la médaille : le groupe a beau se féliciter de sa « croissance régulière » sur le fixe avec 122 000 nouveaux clients sur le premier semestre 2016, dont 51 000 sur avril-juin, ce dernier résultat constitue sa plus mauvaise performance depuis 2013. Un chiffre à comparer aux 90 000 - 100 000 nouveaux clients recrutés chaque trimestre ou presque sur les exercices 2014 et 2015.
A mi-chemin de son plan triennal visant à conquérir 1 million d’abonné d’ici à fin 2017, le bilan de l’opérateur est donc mi-figue mi-raisin. D’un côté, un volume d’abonnés supplémentaires conforme à la feuille de route (+ 482 000, voir graphique), mais de l’autre, un rythme de croissance actuellement insuffisant pour toucher le million désiré. La faute, sans doute, à un environnement très concurrentiel en matière de prix, mais aussi de technologie.
Fibre optique : Bouygues dans les starting-blocks ?
Comparé à ses concurrents, Bouygues Telecom est en effet encore trop peu présent dans la fibre « jusqu’ au domicile » (FTTH) pour espérer tenir sur la durée. L’opérateur le sait, et communique de plus en plus sur le sujet. Au 1er trimestre, il rappelait que 20% de ses 71 000 nouveaux abonnés avaient opté pour une connexion FTTH. Cette fois-ci, Bouygues Telecom dévoile le nombre de ses abonnés fibre à fin juin 2016 : 70 000, un chiffre encore modeste sur un total de 1,6 million de prises commercialisées.
Pour atteindre une clientèle potentielle plus vaste (objectif à terme : 6,5 millions de prises FTTH), l’opérateur compte notamment sur son partenariat avec Orange pour s’implanter en zone moyennement denses. Surtout, il annonce aussi ce trimestre le « démarrage de la couverture FTTH » en RIP (Réseau d’initiative public) avec sa filiale Axione , qui lui permettra bientôt de commercialiser ses offres fibre auprès de plusieurs centaines de milliers de foyers, notamment dans l’Oise, l’Aisne, en Ardèche-Drôme, Eure-et-Loir ou dans l'agglomération de Pau. Votre foyer est peut-être concerné, n'hésitez pas à tester votre éligibilité.
L’objectif est de se développer rapidement sur ce créneau. Pour préserver sa base d’abonnés fixe, peu à peu grignotée par l’offre fibre de la concurrence là où elle est disponible, mais aussi pour protéger sa clientèle mobile, susceptible de se tourner vers un opérateur « fibré » dans le cadre d’une offre quadruple play. Un enjeu crucial pour le volet téléphonie, qui continue de tirer l’activité.
Les mobiles de Bouygues en plein essor
Bouygues Telecom ne dit pas autre chose quand il affirme « viser, dans le fixe, une part de marché équivalente à celle du mobile, afin d’accroître l’empreinte foyer ». Ce au moment où l’activité mobile de Bouygues Telecom s’inscrit dans une dynamique franchement positive. La souscription de nouveaux forfaits a ainsi accéléré au 2e trimestre : avec 171 000 nouveaux abonnements en téléphonie, l’opérateur dépasse son rythme de croisière de 150 000 et fait surtout oublier le trou d’air de fin 2015 (101 000). Bouygues Telecom ne boude pas son plaisir en soulignant à nouveau le succès de sa 4G, qui couvre aujourd’hui 6 millions de clients, soit 58% de sa base mobile hors M to M, contre 4,6 millions et 42% un an plus tôt.
Les données mobiles, valeur sûre
Cette progression de la 4G va de pair avec une forte hausse de la consommation de données en mobilité, à mesure que certains usages se banalisent : regarder la télé sur son smartphone ou video HD en streaming, autant de pratiques gourmandes en data dont les mobinautes ont de plus en plus de mal à se passer. Résultat : une consommation multipliée par 3,5 en deux ans pour atteindre 2 Go en moyenne sur l’ensemble des clients mobile Bouygues Telecom, souligne l’opérateur. Sur la même période, le volume data moyen est en outre quasi doublé pour les utilisateurs 4G, à 3,2 Go. A l’heure où les opérateurs misent de plus en plus sur l’offre de contenus et la convergence des plates-formes, la tendance n’est pas près de s’inverser.