Les utilisateurs ultra-marins attendaient cela avec impatience : pouvoir enfin bénéficier du très haut débit mobile. Et le gouvernement en avait fait une « priorité ». Suite à son appel à candidatures conclu au printemps dernier, l’Arcep a ainsi communiqué hier les lauréats des nouvelles fréquences nécessaires au déploiement des réseaux 3G et 4G. Une sélection qui devrait déboucher sur l’arrivée de nouvelles offres dès le 1er décembre. Avec peut-être une petite révolution en perspective : l’arrivée de Free dans les Antilles ainsi qu’en Guyane. Fidèle à son habitude, la marque de Xavier Niel a bien l’intention de bousculer le secteur.
4 lauréats sur 5 territoires
Le suspense n’était pas insoutenable, puisque, pour trois des cinq lots attribués (Guadeloupe/Martinique, Saint-Barthélémy/Saint-Martin, Guyane), quatre concurrents ont été retenus sur cinq ou six prétendants. Sur les lots de La Réunion et Mayotte, ils n’étaient que quatre, et ont donc tous gagné. Les lauréats se voient ainsi confier de nouvelles fréquences dans la très convoitée bande 800 Mhz (pour les trois premiers seulement) ainsi qu'en 900 Mhz (seulement sur les lots St Barthélémy/Saint-Martin et Guyane), 1800 Mhz, 2,1 GHz et 2,6 GHz.
Aux côtés d’Orange Caraïbes et Outremer Telecom, propriété du Groupe Altice (SFR), les pouvoirs publics ont ainsi retenu l’opérateur caribbéen Digicel et Free Mobile en Guadeloupe/Martinique et Guyane, et Digicel et Dauphin Telecom dans les COM antillais. Côté Océan indien, on voit arriver la marque Zeop Mobile du groupe réunionnais Océinde pour exploiter de nouvelles fréquences, en plus des déclinaisons locales d’orange, SFR (SRR) et Free (Telco OI et sa marque Only). Le même trio opérera sur le très haut débit mobile à Mayotte, BJT Partners décrochant le 4e lot.
Surfer mieux dans les DOM-TOM...
La déploiement de la 4G, avec ses débits allant jusqu’à 150 Mbit/s, devrait significativement améliorer l’expérience des utilisateurs ultra-marins, qui ne pouvaient compter jusqu’ici, pour les mieux lotis, que sur la technologie Dual Carrier (H+) et ses 42 Mbit/s. Avec la possibilité, dans les zones les plus densément peuplées, comme Fort-de-France, Pointe-à-Pitre ou Saint-Denis, d’espérer jusqu’ à 300 Mbits/s en 4G+, promet-on du côté d’Orange Caraïbes. L’accès aux fréquences 4G constituera en outre une petite révolution pour certains opérateurs, qui ne proposaient jusqu’ici qu’au mieux de la 3G+, à l’image de Digicel aux Antilles, ou de la 2G/3G, comme Only à La Réunion.
...mais aussi et moins cher ?
Dès l’annonce des résultats, le groupe Iliad a dégainé un communiqué pour se féliciter du choix de l’Arcep et promettre « des offres simples, généreuses, innovantes à des prix attractifs, au bénéfice des consommateurs ». Il annonce ainsi un investissement de 100 millions d’euros qui devrait lui permettre de lancer la 4G «dans les prochains mois » à la Réunion et à Mayotte, et « sans délai » sur les autres territoires. Toujours prompt à endosser l’habit du chevalier blanc, l’opérateur entend notamment mettre « un terme aux discriminations tarifaires qui existent aujourd'hui entre les Outre-Mer et la métropole et que rien ne justifie ».
On peut donc attendre un positionnement agressif qui devrait entraîner l’ensemble des opérateurs dans son sillage. Précisément ce qu’attendait le gouvernement, qui a salué, par les voix de la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts et de la secrétaire d’Etat au numérique Axelle Lemaire, l’arrivée de « nouveaux acteurs qui stimuleront la concurrence, au bénéfice des consommateurs ultra-marins et du développement de services innovants ».