Replay TV, Catch-Up TV, TV à la demande... la télévision de rattrapage (TVR) possède de nombreuses dénominations. Pourtant, toutes ces appellations ne recoupent qu'un seul service dont l'objectif est de voir et/ou revoir des programmes télévisés à la demande, de manière totalement délinéarisée, dans un délai de 7 à 30 jours après leur diffusion initiale.
Vous avez manqué le journal télévisé de 20 heures ? Vous avez oublié d'enregistrer votre magazine de société favori ? De nombreuses chaînes de télévision proposent désormais gratuitement des services de TV de rattrapage depuis Internet (via un site web dédié) ou directement depuis un décodeur TV via la Box de son fournisseur d'accès.
Techniquement, un service de TV de rattrapage ne se distingue pas (ou peu) d'un site web tel que Youtube ou Dailymotion. Les programmes sont encodés (l'utilisation de codecs permet de réduire le poids du fichier et la bande passante nécessaire à sa lecture) et stockés sur des serveurs pour être accessible à la demande en ligne (diffusion IP unicast - point à point) via un ordinateur ou une TV.
Pourquoi les chaînes TV cèdent-elles toutes à la mode de la TV de rattrapage ? Tout simplement pour réagir face à des téléspectateurs, qui sont aussi désormais des internautes, et dont la manière de consommer la télévision a considérablement changé.
Face à la montée en puissance des chaînes gratuites de la TNT, certaines chaînes historiques, comme celles de France Télévisions, cherchent à récupérer de l'audimat, en permettant aux téléspectateurs de revoir des programmes qu'ils n'ont pas regardés en direct.
Pour d'autres chaînes, notamment pour les offres Canal Essentiel, la TV de rattrapage est un bon moyen de fidéliser les abonnés. La "catch up TV" vise alors à éviter la résiliation du contrat en améliorant la satisfaction du client, nettement moins frustré de payer un abonnement pour des programmes qu'il peur regarder à sa guise.
Parmi les chaînes de Replay TV les plus connues en France, citons notamment :
- TF1 : myTF1
- France 2 : Pluzz
- France 3 : Pluzz
- France 4 : Pluzz
- France 5 : Pluzz
- Canal+ : Canal+ à la demande
- Arte : Arte+7
- M6 : M6 Replay
- D17 : D17 Replay
- D8 : D8 Replay
- Gulli : Gulli Replay
- NRJ12 : NRJ12 Replay
- W9 : W9 Replay
- BFM : BFM TV Replay
- TMC : TMC vidéos
De nombreuses autres chaînes proposent également leur propre service de TV à la demande comme Game One, NT1, France 24, RTL9, AB1,AB Moteurs, Mangas, MCM, Eurosport...
La TV de rattrapage sur le téléviseur
Le succès des offres de télévision des fournisseurs d'accès à Internet, et l'adoption rapide des Box et autres décodeurs IPTV, ont considérablement modifié le paysage audiovisuel français (PAF). Depuis la première reprise de M6 Replay par Club Internet en mars 2007, la TV à la demande est devenue le fer de lance de la concurrence que se livrent les opérateurs télécom sur le marché de l'Internet haut-débit.
Chaque opérateur multiplie les accords avec les chaînes attirées par les Box comme des abeilles par un pot de miel. Longtemps le plus actif sur le sujet, Orange est aujourd'hui concurrencé par SFR, et surtout par Free. En juin 2010, l'offre TV de la Freebox s'est ainsi enrichie avec le portail TV Replay qui regroupe une trentaine de chaînes de TV de rattrapage, dont la moitié est accessible gratuitement.
Au fur et à mesure que les décodeurs TV et les interfaces se modernisent, les chaînes de TV de rattrapage sont de mieux en mieux intégrées dans les services IP TV des fournisseurs d'accès. Inspiré par Free, SFR propose également un univers de TV à la demande dans lequel l'habillage des TV Replay est normalisé et structuré de manière identique.
Voir la liste de toutes les chaînes Replay diffusées en France
La TV de rattrapage sur ordinateur
Dès 2006, dans la lignée des catalogues de vidéos à la demande (VoD), les premières chaînes de télévision comme TF1 ou encore Arte, mettent à disposition du grand public une partie de leurs programmes "en rattrapage" sur leur site web.
Chaque chaîne développe sa propre stratégie pour se différencier et séduire les internautes. Certaines chaînes, comme NT1 ou TMC par exemple, se contentent d'ajouter une section "vidéos" sur leur site où sont centralisés les programmes à voir ou revoir.
D'autres optent pour la mise en place d'une véritable plateforme dédiée au "Replay". En juillet 2010, France Télévisions a lancé son portail Pluzz.fr qui regroupe tous les programmes des chaînes de télévision à la demande du groupe (France 2, France, 3, France 4, France 5, France Ô).
Plutôt que d'utiliser la méthode du streaming, consistant à regarder le programme au fur et à mesure qu'il se télécharge, certaines chaînes préfèrent un autre mode de diffusion.
La quantité et la qualité de chaque service de TV de rattrapage varient d'un site à l'autre. Certaines chaînes proposent de nombreuses vidéos mais l'ergonomie rend la navigation difficile (pas de moteur de recherche....). On remarque aussi parfois des problèmes d'accessibilité pour lire les programmes (vidéos en flash / WMV / encodage...) quand la configuration diffère de l'éternel duo Windows/Internet Explorer.
Les perspectives de la télévision à la demande
D'après l'observatoire de la TV à la demande, mené par le Centre National du Cinema (CNC) et TV-Replay.fr, plus de 17 000 programmes (décembre 2010) étaient disponibles en télévision de rattrapage sur les chaînes hertziennes gratuites. Parmi ces vidéos de TV à la demande, on retrouve en grande majorité des journaux télévisés, des fictions, des dessins animés et des émissions (documentaires/magazines de société).
A noter que pour des raisons de droits de rediffusion - et donc de négociations commerciales avec les producteurs - la plupart des programmes diffusés sur les chaînes de Replay TV ne sont pas des films de cinéma.
Portée par la montée en puissance des modes de consommation "on demand", la télévision de rattrapage continuera de se développer dans les prochaines années. Après le web et les offres TV des fournisseurs d'accès, la croissance du Replay TV devrait s'orienter autour :
- du développement du multi-écrans (tablettes, smartphones...)
- de l'ajout de services sur les TV connectées
- de la diffusion élargie à la TNT et au satellite
Concernant, la disponibilité de la télévision de rattrapage sur la TNT et le satellite, le conseil supérieur de l'audiovisuel a lancé fin 2010 un appel à candidatures. Le CSA, a retenu l'offre Select TV de l'opérateur TV Numeric. Ce projet a néanmoins été abandonné début 2013.
L'engouement suscité par les TV connectées (HbbTV) est par ailleurs un allié de poids pour la TV à la demande. Aux Etats-Unis, des services tels que Netflix ou Hulu, et ceux de Google TV et Apple TV, montrent l'ampleur des mutations du secteur. La convergence entre la télévision et Internet est devenue une réalité et la vague s'apprête à déferler sur la France.
Les constructeurs comme Samsung, Sony ou encore LG multiplient également les gestes pour attirer les chaînes de TV à la demande. L'idée est de fournir des contenus multimédias directement sur le téléviseur, sans passer par le décodeur TV d'un fournisseur d'accès. Samsung s'est par exemple associé à TF1, tandis que Sony a noué un partenariat avec M6 Replay...
Enfin, n'oublions pas des acteurs tels que Dailymotion ou encore Allocine dont les ambitions dans le domaine des contenus à la demande ne sont plus à démontrer. Entre la délinéarisation des programmes, la généralisation du haut-débit et la convergence technologique (ordinateur, TV, tablette, mobile), les chaînes de télévision se retrouvent au coeur d'un écosystème en pleine mutation.
Sauront-elles transformer la TV de rattrapage en opportunité et en valeur ajoutée, ou bien seront-elles digérées par les géants du web ? Quelle que soit la future place des chaînes de télévision, une chose est sûre : la TV à la sauce "catch up" répond à une véritable demande des internautes. En 2010, un sondage a montré que plus d'un internaute sur deux utiliserait régulièrement les services de TV de rattrapage. Un pourcentage qui monte à 80% sur la tranche des - de 19 ans.