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Enfants : trop d'écran nuit au développement et aux apprentissages

TV, smartphones, tablettes chez le jeune enfant : comment une utilisation excessive nuit au développement et aux apprentissages.

Enfants : trop d'écran nuit au développement et aux apprentissages
Yann Daoulas - modifié le 05/09/2019 à 17h06

Enfants : trop d'écrans pour bien apprendre ?

Télévision, smartphones, tablettes, jeux vidéo : ces écrans qui se multiplient dans l’environnement des enfants présentent certains risques. Entre autres celui de perturber le développement et les apprentissages. Si tous les experts ne s’accordent pas sur leur degré de nocivité, ils s’entendent sur un point : l’impact néfaste des usages excessifs. Depuis leur irruption il y a quelques années, l’effet des écrans à différents stades de la vie des enfants commence en effet à être observé, et plaide pour une utilisation très encadrée.

Ecrans et bébés : priorité aux fondamentaux

Les jeunes parents l’auront tous remarqué : dès le plus jeune âge, les enfants se montrent irrésistiblement attirés par ces écrans omniprésents dans leur environnement. Et, le mimétisme aidant, ils sont rapidement en mesure d’interagir avec ces appareils tactiles, très sensibles et requérant une dextérité minimale. Est-ce pour autant le bon moment pour les plonger dans le grand bain virtuel ? Oui, répondront les fabricants, qui n’hésitent plus aujourd’hui à commercialiser des appareils destinés aux 0-3 ans, de qualité plus qu’aléatoire, aussi bien en termes de fabrication que de contenus.

Non, rétorquent la plupart des experts, comme le Collectif Surexposition Ecrans (CoSE), le psychologue Serge Tisseron, à l’origine de la règle 3-6-9-12, ou encore l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). Pour eux, avant 3 ans, les écrans interactifs n’ont rien à faire dans la boîte à outils éducative. Et encore moins la télévision et l’attitude passive qu’elle implique. Les apprentissages, argumentent ces spécialistes, doivent avant tout s’appuyer sur la découverte du monde et des interactions sociales, qui permettront à l’enfant de développer des facultés fondamentales : motricité, raisonnement, langage, relation à l’autre...

Les risques des écrans avant 3 ans

Les écrans tactiles pourront à la limite être utilisés dans un cadre ludique, de façon très brève, à un moment adapté de la journée, et toujours en compagnie d’un adulte. Et mieux vaut s’en tenir là, estiment les experts, puisque le jeune enfant n’a rien à gagner d’une exposition aux écrans plus conséquente.

Dans une tribune publiée en mai 2017 (1), les membres du collectif CoSE mettaient même en garde contre les « effets graves d’une exposition massive et précoce des bébés et des jeunes enfants à tous types d’écrans », évoquant notamment des retards de langage et de développement et des perturbations dans les interactions sociales. Ces médecins et professionnels de la petite enfance évoquent notamment le cas d’« enfants stimulés principalement par les écrans, qui, à trois ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs ». En cause : le blocage ou la perturbation des explorations du bébé et de ses interactions avec ses parents, « ce qui empêche le cerveau de l’enfant de se développer normalement ».

Ecrans, enfants et « urgence sanitaire »

Smartphones, tablettes, télé : les dangers des écrans pour les enfants

Et le collectif ne s’alarme pas que pour les tout-petits : il alerte, plus globalement, sur « les effets très délétères d’une surexposition des enfants aux écrans ». Dans un courrier adressé au Premier ministre en septembre 2017 (2), le CoSE parle même « d'un problème de santé publique majeur, voire d’une urgence sanitaire » sur la base des observations cliniques réalisées par ses membres. « Retard de langage, troubles des interactions avec tableau pseudo-autistique, troubles de l’attention, troubles des apprentissages, hyperactivité, déscolarisation », sont notamment mentionnés. Et ce ne sont là que les impacts psycho-sociaux des abus d’écrans, car les utilisations excessives peuvent aussi avoir des conséquences physiologiques, parmi lesquels les troubles du sommeil ou l’obésité.

Autant de problèmes que ces spécialistes associent à l’omniprésence des tablettes, TV et jeux vidéo dans le quotidien de leurs jeunes patients. Et qu’une réduction conséquente de l’exposition à ces écrans contribue à résoudre, notent-ils également, appelant à une vaste action de prévention de la part des pouvoirs publics.

Une opportunité pour l’enfant ?

Tous les praticiens ne partagent pas l’approche du CoSE, qu’ils jugent trop alarmiste à certains égards. Notamment quand le collectif suggère une forme d’autisme imputable à l’abus d’écrans, ou quand il recourt au concept d’addiction. Ce discours ne convainc pas Serge Tisseron : s’il alerte lui aussi sur les risques inhérents aux abus d'écrans et le besoin urgent de prévention, il met en garde contre leur assimilation à des « objets toxiques ». Car cela comporte selon lui un autre risque : celui de passer à côté d’une « formidable opportunité pour l’enfant en âge scolaire », s’agissant en particulier des écrans interactifs.

« Après 3 ans et à condition d’être accompagnés par les parents, les jeux sur tablette sont possibles », expliquait le psychologue il y a quelques années dans un entretien au JDD (3). « Les écrans boostent la mémoire dite de travail, qui permet de réunir des informations éparses ainsi que la plasticité psychique, capacité à s’adapter à l’imprévu ». Des bienfaits également suggérés dans un avis publié par l’Académie des sciences en 2013 (4).

Apprentissages : remettre les écrans à leur place

En l'état des recherches, difficile de trancher véritablement sur d’éventuels bienfaits des écrans interactifs sur le développement de facultés élémentaires chez l’enfant. Suite à la communication de l'Académie, d'autres spécialistes du sujet se sont d'ailleurs montrés plus que sceptiques (5).

Quoi qu’il en soit, les spécialistes les plus ouverts à ce type de pratique n’en préconisent pas moins une utilisation raisonnable et encadrée. Elle « peut être intégrée dans l’apprentissage », mais « ne doit pas se substituer aux jouets traditionnels », soulignait ainsi l’AFPA en septembre 2016 (6).Car, à cet âge, l’enfant a encore « besoin d’explorer toutes ses possibilités sensorielles et manuelles (sa motricité, son langage, son graphisme, sa créativité…), de comprendre le monde qui l’entoure ».

Qu’il s’agisse de cet outil ou de la TV et des jeux vidéo, les temps d’utilisation devront donc rester limités, à des moments choisis (hors repas et pas avant le coucher notamment), via des règles que l’on pourra établir en accord avec son enfant pour commencer à le responsabiliser. Car au-delà de l’apprentissage par les écrans, c’est finalement plus l’apprentissage des écrans qu’il s’agit de viser. Afin, résume Serge Tisseron, de nous « donner les moyens pour que nos enfants, demain, sachent éviter leurs dangers et les utiliser à bon escient ».

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